Resident Evil : Alternative Nightmare [update 8/06/06]

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Gorgoth
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Voilà ma première fanfic Resident Evil. Elle est encore en cours, et n'avance pas très régulièrement (vous savez ce que c'est, les études et tout).

L'intrigue se situe à Raccoon City, un peu avant Resident Evil 2. Le héros est un personnage inédit, mais pas de soucis, quelques visages connus seront croisés :)) .

Je me suis pas mal appuyé sur différents sites pour coller au mieux au scénario officiel (chronologie, plans...), même si quelques approximations en sont pas à exclure :rolleyes .

N'hésitez pas à écrire des commentaires, je posterai les chapitres suivants en éditant ce message :saint .

Bonne lecture :wink !


Resident Evil : Alternative Nightmare

1. On the road to Raccoon City

Je me nomme Matthew Gorgoth, mais tout le monde m’appelle Matt. Je suis un ancien SAS, mais j’ai du abandonner ma carrière militaire, suite à une blessure de guerre qui a lésé ma jambe droite et qui me fait boiter depuis. Autant dire que je ne suis pas une petite nature. Mais ce matin du 27 septembre 1998, je ne me doutais pas que ma vie allait connaître des horreurs pire encore que les Malouines, le Golfe et la Bosnie. Laisser-moi vous comptez ces horreurs qui ont définitivement bouleversé ma vie.

27 septembre 1998, 6h02, route 122 à 105 km au nord de Raccoon City.

Je roulais cheveux au vent à bord de ma décapotable, une virile automobile typiquement américaine des années 70, en destination de Raccoon City où une société pharmaceutique m’avait convoqué pour un poste de responsable de la sécurité.

J’aurai du avoir des soupçons dès que j’ai vu l’annonce quelques jours plus tôt dans le journal : « Cherche homme avec solide expérience militaire pour poste chef sécurité chez Umbrella. Salaire intéressant. Appeler M. Birkin 1211-744-3333 ». Sans emploi depuis mon arrivée aux USA, j’appelais donc ce monsieur William Birkin avec le mince espoir de correspondre à son profil. D’abord assez froid, son ton devint très enthousiaste lorsque je lui parla de mon expérience dans les SAS avec l’armée britannique. Il me donna donc rendez-vous pour le 27 septembre à Raccoon City, située à six heures de route de mon domicile. Une industrie pharmaceutique, fut-elle mondialement connue comme Umbrella, ne devrait normalement pas avoir besoin de spécialistes de mon genre.

Mais cette réflexion, je ne me la fis que bien plus tard… bien trop tard.

A la radio, j’écoutais une horripilante musique country sur le seul canal voulant bien fonctionner quand les programmes s’interrompirent, à mon grand soulagement sur le coup. Un journaliste au ton assez peu rassuré pris la parole. Je me souviens très bien ce qu’il dit.

« - Mesdames et messieurs, nous interrompons nos programmes pour un flash spécial. La malheureuse ville de Raccoon City, où des centaines de meurtres ont été proférés rien que ces dernières vingt-quatre heures… »

Sans plus faire attention à ce que disais le journaliste, je me crispais, mort d’angoisse, quittant presque la route et manquant de justesse de m’écraser contre un poids lourd qui venait en sens inverse.

« - Des centaines de meurtres… mais qu’est-ce qu’il se passe dans cette ville ! »

J’avais l’esprit assez troublé par cette déclaration qui avait value une interruption de programmes. Mais je n’étais pas homme à fuir devant le danger, et une telle situation expliquait dans un sens mieux le mirobolant salaire évoqué par M. Birkin au téléphone : « on ne gagne pas dix mille dollars par mois en se tournant les pouces ! », pensais-je sur le moment.

Si seulement j’avais su ce que j’y trouverai, j’aurai fait demi-tour sans demander mon reste…

Le moteur hurlait ses chevaux alors que les kilomètres défilaient à une vitesse folle, mais qui me paraissait malgré tout être d’une lenteur indolente. La route étant peu fréquentée en cette heure matinale, je ne voyais pas obligé de restreindre mon allure, d’autant plus que je détestais – et déteste toujours – me traîner en voiture. A l’approche de la ville, trois-quarts d’heure plus tard, j’entendit monter peu à peu l’intensité de volume de nombreuses sirènes.

Je me posais mes premières questions lorsque j’entendis le hurlement des sirènes de Raccoon City, que le vent portait à plusieurs kilomètres, s’éteindre brutalement alors que leur éclats sonores n’avaient cessés de s’amplifier à l’approche de la ville. Si seulement j’avais su…

Ce brusque silence éveilla en moi des instincts depuis longtemps endormis. Comme si mon inconscient avait détecté un danger imminent à mon entrée dans la bourgade, ma main droite chercha le contact rassurant pour le soldat que j’étais : la crosse de mon puissant SIG Sauer P226 .45 ACP. Dès le contact établit, mes doigts fouillèrent dans la boîte à gant pour trouver et sortir sur le siège passager les deux chargeurs de sept balles et la boîte de munitions. Tout était bien en place, et bien que mon stress grimpait au fur et à mesure que j’avançais dans les faubourgs déserts de la ville, je me sentais un peu sécurisé. L’esprit trop occupé, je ne fis pas attention à l’approche d’un carrefour, où une voiture fonçait en zigzag sur la route perpendiculaire à la mienne… un coup de klaxon, des crissements de pneus, un choc terrible, puis le noir absolu.

Si seulement j’avais su…




2. What’s happens ?

27 septembre 1998, 7h33, Raccoon City

Lorsque je repris mes esprits, je mis un certain temps avant de me souvenir de ce qui s’était passé. Distrait que j’étais par mes lugubres pensées, mon aiguisé 6e sens n’avait pu me prévenir. Au moment où je traversais le carrefour, la voiture folle m’avait tout simplement percuté à pleine vitesse. C’est seulement à ce moment que je réalisais que le conducteur – ou étais-ce une conductrice ? – n’avaient pas arrêté de me klaxonner, m’ayant visiblement vu mais ne pouvant m’éviter.

En fait non, mon 6e sens m’avait bien prévenu d’un danger, si grand qu’il en occultait ce simple accident.

Ma voiture s’était renversée, formant une véritable coque au-dessus de moi. La portière gauche était entrouverte, et me laissait voir l’autre véhicule, encastrée dans un poteau d’éclairage publique et dont le moteur fumait. Sans que j’en sois absolument sûr, il me semblait qu’il y avait une silhouette à l’intérieur. Je remuais, endolori par quelques contusions bénignes. Sans trop savoir pourquoi une telle pensée me venait, je savais qu’il me fallait maintenant m’extirper seul. Aucun secours ne viendrai, j’en étais persuadé.

Quand j’y repense, c’était un miracle que je sois encore en vie après un tel choc, et surtout indemne. Mais à bien y réfléchir, il aurait mieux valu que j’y reste…

Mon instinct me poussa à chercher mon arme avant de tenter de me dégager, las sans succès : le choc avait du la projeter au loin. Je glissais jusqu’à la portière, gêner par la taule froissée et les sièges écrasés, puis prenant appui de mon mieux, je me mis à pousser de toutes mes forces. Raclant le sol avec fracas, le battant d’acier s’écartait de quelques centimètres à chacune de mes impulsion. Après quelques minutes de lutte, je réussissais à ouvrir un espace assez grand pour pouvoir m’y glisser. Avançant à plat ventre, je m’extrayais de la carcasse de mon automobile. Aussitôt sur pied, j’accourais vers la berline accidentée et m’avançais côté conducteur. Je vis immédiatement que le pare-brise était défoncé côté passager, et qu’un corps gisait dans une mare de sang contre le mur de l’immeuble de briques rouges à quelques mètres, la tête complètement éclatée. Je ne pouvais plus rien pour cet homme. Dans l’épave, une femme dont le visage était contre le volant. Il y avait un peu de sang qui coulait, mais je ne pouvais voir dans quelle mesure elle était blessée, ses longs cheveux blonds tombant de part et d’autre de sa figure. J’essayais d’abord d’ouvrir la portière par la poignée, mais celle-ci était tordue et ne remplissait plus son office. Sans réfléchir, je montais sur le capot et m’attelais à faire tomber ce qui restait du pare-brise, prenant garde de ne pas meurtrir d’avantage la malheureuse. Une fois cet obstacle de verre déblayé, je me penchais et soulevais délicatement la tête de la conductrice. Elle était inconsciente et avait une vilaine coupure à la tempe, mais ne semblait pas devoir en mourir. Lui donnant quelques petites claques et l’interpellant, je parvins à la réveiller assez vite. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle se mit d’abord à hurler et à se débattre comme une démente, et il fallut une gifle musclée de ma part accompagnée d’une injonction sonore pour qu’elle se calme.

« - Vous allez bien maintenant ? Ça ne sert à rien de se mettre dans un tel état.
- Je suis navrée… J’ai cru que…
- Cru quoi ?
- Que vous étiez comme les autres.
- Les autres ?
- Vous n’êtes pas au courant ?
- Au courant de quoi ? »

Mon 6e sens me hurlait de fuir, de la laisser dans sa voiture, de laisser cette ville, de ficher le camps, même à pied. J’aurai du l’écouter ce 6e sens qui m’avait déjà tant de fois sauvé la vie au front.

Elle me regarda dans les yeux, incrédule, comme si ne pas savoir ce qu’elle savait était impossible. Elle me saisit l’avant bras avec une force que je ne soupçonnais pas, avant de me répondre.

« - Il faut fuir ! Fuir cette ville de cauchemar !
- Fuir ? »

Comme elle avait raison, et comme j’ai été stupide…

Me rappelant soudainement du mort, je baissais les yeux et tournais la tête en direction du cadavre sanguinolent. Sans doute son mari ou son frère. A ma grande surprise, ce fut par un soupir de soulagement qu’elle accueillit la scène.

« - Il en étais lui aussi devenu un.
- Un ? Mais un quoi ? »

S’obstinant à éluder mes interrogations, sa première demande, une fois sortie de son auto, fut de me demander si ma voiture était en état de rouler, ce à quoi je répondis avec dépit par la négative. Sa deuxième question me stupéfia encore d’avantage.

« - Etes-vous armé ?
- J’ai un P226, mais il a été projeté lors du choc. J’avoue ne pas l’avoir encore cherché.
- Alors il faut tout de suite le retrouver ! »

Ne sachant probablement même pas à quoi ressemblait mon arme, elle se mit sans attendre à regarder partout, non sans jeter de trop fréquents coups d’œils aux coins de rues et par-dessus son épaule. En quelques minutes, nous réussîmes à mettre la main sur mon arme, un chargeur et une poignée de munitions qui s’étaient éparpillés autour d’une bouche d’égouts dans laquelle la boîte avait probablement chuté avec l’autre chargeur. Par réflexe plus que par nécessité, cette armé étant très robuste, je la vérifiais prestement. Elle était en parfait état de marche, bien qu’un peu abîmée à la crosse. Alors que je bricolais mon P226, nous échangeâmes quelques paroles.

La femme se prénommait Carole et travaillait au collège de la ville en tant que professeur de mathématique, et c’est tout ce que j’appris d’elle à ce moment. A mes questionnements sur les meurtres et son attitude étrange, elle ne voulut rien me dire d’autre à part qu’elle voulait que nous nous sauvions sur-le-champ.

« - Hors de question que je quitte la ville. Je dois gagner au plus vite les locaux d’Umbrella !
- C’est de la folie pure ! Il faut fuir !
- Hors de question !
- Mais il ne reste que les quartiers autour du commissariat qui soient encore à peu près sûrs.
- Je dois absolument voir le docteur William Birkin !
- En quoi cela vaut-il de risquer votre vie ?
- Excusez-moi, mais c’est mon affaire.
- Très bien… »

Comme elle s’était résignée à me laisser faire comme je l’entendais et arborait une mine découragée, je pensais qu’elle allait partir en courant de son côté pour mettre son idée à exécution, mais à mon grand étonnement, elle préféra m’accompagner, bredouillant quelque chose comme « je ne survivrai pas seule ». N’y voyant pas d’inconvénient majeur, j’acceptais sa compagnie. Sur ses indications, nous primes la route vers le sud, vers le laboratoire local d’Umbrella. Ce qui me frappa vraiment après quelques minutes à peine, c’était le calme morbide qui régnait : nous étions seuls dans les rues. Elle lançait de grands regards inquiets à chaque zone d’ombre que cette nuit finissante se plaisait à faire s’attarder. Je faisais de même, mais de façon plus posée : si quelqu’un nous épiait ou nous attendait pour nous attaquer en embuscade, inutile de lui montrer que l’on soupçonnait sa présence. J’avais dissimulé mon P226 sous les plis de mon pull-over après l’avoir glissé dans mon jean. Inutile également d’étaler tout son arsenal.
Au bout d’un moment, nous fûmes forcés d’emprunter une ruelle étroite et très sombre, car la route principale était coupée par un camion-citerne couché en travers avec des câbles électriques encore alimentés pendants tout près. Si un de ces câble avait la riche idée d’entrer en contact avec la cuve métallique remplie d’essence, on aurait eu droit à un sacré feu d’artifice, aussi la prudence était de mise. Dès que nous entrâmes dans la passée, une forte odeur rappelant lointainement l’œuf pourri nous pris la gorge. Visiblement apeurée par ces émanations, toujours sans que je puisse savoir pourquoi, elle se resserra contre mon épaule. Appréhendant également quelques mauvaises rencontres, je portais ma main gauche – car oui je suis gaucher – dans mon dos, prêt à me saisir de mon calibre 45. Nous étions à la moitié de l’allée nauséabonde et toujours rien, aussi commençais-je à me détendre. C’est alors qu’un bruit de poubelle renversée nous fit sursauter.



3. First steps in my journey to hell

27 septembre 1998, 8h49, Raccoon City

Nous nous retournâmes de concert, et ma compagne de route poussa un hurlement en voyant une grande silhouette qui avançait vers nous à pas saccadés. Une sorte de grognement retentit dans notre dos, et une silhouette similaire surgit, coupant toute possibilité de fuite. Bien que mon instinct m’hurlait de dégainer et de faire feu, je ne l’écoutais pas.

« - Qui êtes-vous ? Que nous voulez-vous ?
- … Haaaaaaa…..
- Répondez ! »

Les nerfs de Carole craquèrent, et elle saisit mon arme avant que je ne puisse l’arrêter puis tira à deux reprises dans le torse de la première forme avant que je ne réussisse à lui reprendre l’arme des mains. La personne prise pour cible s’effondra d’une manière qui me parut peu naturelle, en tombant à genoux vers l’avant. Me retournant, je braquais mon Sig sur le second individu qui continuait à approcher d’un pas rythmé, émettant des râles qui me glaçaient le sang, indifférent au sort de son comparse. Carole s’était écartée et était appuyée contre le mur sal et suintant situé à ma droite, tétanisée.

« - On en bouge plus ! Stop ! J’ai dit stop ! »

Je ne me doutais pas encore de ce que j’allais voir quelques instants plus tard…

Huit mètres, sept mètres, six mètres, cinq mètres… la créature ignorait toutes mes injonctions. Je pouvais désormais voir son visage, les yeux blanc exorbités, la peau dévorée par la moisissure, la chair putréfiée… un zombie, comme ceux des films au cinéma ! Je m’apprêtais à tirer, quand quelque chose m’agrippa le pied : c’était l’homme- ou devrais-je dire le mort-vivant – abattu par Carole ! L’autre arrivait sur moi et tendait les bras pour me saisir à la gorge. Je gardais assez de sang-froid pour ne pas vider mon chargeur à tord et à travers, mais je me débattais malgré tout sans grande efficacité, et mes assaillants de cauchemar prenaient rapidement le dessus.

Malgré la terreur qui m’envahit à cet instant, mon instinct de soldat pris visiblement le dessus in extremis sur ma conscience, et se fut Carole qui me raconta plus tard comment je m’étais laissé tomber violemment sur le dos en envoyant valsé le second zombi, me libérant de son emprise, puis faisant sauté ce qu’il restait de cervelle à ces deux monstres avant de me relever.

Carole semblait plus surprise que ravie de ma réussite, bien que son premier réflexe fut de me sauter au cou. Se rendant ensuite compte de ce qu’elle faisait, elle me lâcha, visiblement gênée, avant de s’empresser de me faire oublier cet épisode pas si désagréable.

« - Vous êtes qui au juste ? Vous avez agit si vite qu’on aurait dit que ça vous était naturel.
- Plus ou moins, je suis un ex-SAS.
- Qu’est-ce qu’un SAS ?
- J’oubliais que je suis aux USA… Special Air Services, armée britannique. L’équivalent de votre Delta Force.
- Vous êtes un militaire? Pour la nationalité, je m’en doutais un peu à votre accent…
- Etais.
- Vous avez quitté l’armée ?
- C’est une longue histoire, je préfère ne plus en parler. »

Mon ton avait été très sec, et je clos définitivement cette conversation en me détournant d’elle et en remettant quatre balles dans le chargeur de mon arme.

« - En route Carole.
- Très bien. C’est par là. »

Nous repartîmes donc vers les bâtiments d’Umbrella sans échanger de paroles supplémentaires. Il ne nous fallut pas longtemps pour tomber sur une voiture de police estampillée R.P.D. dont les gyrophares étaient allumées et qui visiblement avait été abandonnée là, en plein milieu de l’avenue qui était par ailleurs jonchée de carcasses d’automobiles. Mais le véhicule des forces de l’ordre semblait là depuis beaucoup moins longtemps.

« - Restez ici Carole, je vais voir.
- Soyez prudent. »

Saisissant mon P226, je m’avançais prudemment vers la voiture, regardant bien tout autour de moi. Les deux portières avant étaient ouvertes, et nulle trace du moindre policier aux alentours. Le range fusil était vide, à ma grande déception, ainsi que la boîte à gants. Alors que je m’apprêtais à rejoindre Carole, je perçus un bruit sourd, comme si quelqu’un cognait. Je me retournais et identifiais rapidement la source du bruit après avoir fait un tour rapide du véhicule : ça provenait du coffre. Je tapais donc à mon tour sur la taule.

« - Hé ! Il y a quelqu’un ? Répondez ! »

J’obtint une réponse sans pouvoir discerner les mots, la voix étant trop étouffée. J’essayais d’ouvrir le coffre sans succès : il était fermé à clef.

« - Attention, je vais faire sauter la serrure ! »

J’ajustais mon arme et fit feu de biais pour ne pas traverser la taule, fracassant la serrure de façon nette. A l’instant où j’ouvrais la malle, j’entendis une voix d’homme me crier « non ! » puis des bruits de pas de quelqu’un accourant. En même temps, le battant d’acier se déploya violemment, frappant ma main gauche et me faisant lâcher mon Sig Sauer, et un molosse bondit sur moi me faisant tomber à la renverse. Mais il ne s’agissait pas d’un chien normal, non, c’était un doberman… en décomposition ! Un clebs zombi à la chair putride et aux yeux emplis de pus ! Employant toutes mes forces, je parvenais à peine à maintenir ses crocs démesurés hors de portée de ma gorge. J’entendis un cri de Carole juste avant qu’un tir de plombs ne projette ce cerbère au loin. Un second tir fit voler en éclat la tête de l’animal mort. Encore abasourdi, je me relevais péniblement, aidé par une main noire dont je ne voyais pas encore le propriétaire.

« - Rien de cassé ?
- Ça va merci, vous êtes intervenu à temps… »

A temps était un euphémisme, car je n’aurais pas tenu deux secondes de plus face à ce molosse.

Après avoir souri brièvement au policier qui venait de me relever, je tournais machinalement la tête là où j’avais laissé ma compagne de route et me figea de stupeur, ce qui attira l’attention de mon sauveur dans la même direction, avant de reprendre le contrôle de mes cordes vocales.

« - Carole ! Attention ! »

La malheureuse n’eut que le temps de se retourner avant qu’un immense zombie ne la saisisse pour la mordre. Elle poussa un hurlement strident à l’instant où les dents et la bouche putrides de la créature percèrent la peau fine de son cou, broyant sa chair et faisant gicler son sang. J’allais m’élancer quand le policier me retint fermement par le bras.

« - Il n’y a plus rien à faire pour elle ! Il nous faut filer d’ici ! Regardez ! »

Par la rue principale, où nous nous trouvions, une horde de morts s’avançait en direction de Carole qui se débattait en vain contre son assaillant en décomposition. Le groupe de cadavres ambulant était déjà moitié moins loin d’elle que moi, et l’autre me retenait toujours. D’un geste brusque, je le fit lâcher prise et roulais au sol, saisissant de mon arme et me rétablissant à genou. J’ajustais mon tir avec application, ma cible étant à près de trente mètres de moi et faisant moins d’un demi mètre de diamètre. La seconde suivante, la tête du zombi se vit amputé d’une moitié de cervelle et fut projeté en arrière, faisant lâcher prise à la créature.

« - Carole ! Venez à moi ! »

Encore affolée, les mains sur la gorge, elle me chercha un instant du regard avant de courir mollement dans ma direction. La rejoindre n’aurai servi à rien : la porter m’aurait trop ralenti pour m’éloigner des zombis à temps, car ma jambe raide m’empêchait de courir. J’optais pour une solution beaucoup plus osée : couvrir sa fuite avec mon P226. Les morts-vivants se rapprochaient rapidement d’elle, et je les repoussais aussi efficacement que je le pouvais, les tirs à la tête étant les seuls efficaces. Seulement voilà, ils étaient très nombreux, et elle avançait très lentement, forçant cependant mon respect par la volonté qu’elle déployait à chaque pas. Elle me faisait confiance, et je ne devais pas faillir, mais à chaque rechargement de mon arme, je perdais de précieuses secondes. Alors qu’il ne lui restait plus qu’une dizaine de mètres, je ne parvins plus à maintenir ma cadence et me retrouva submergé de cibles. In extremis, le policier shoota plusieurs monstres avec son fusil à pompe, libérant assez de large pour que je rejoigne Carole et la hisse sur mes épaules, toujours couvert par cet homme providentiel.

« - Vite ! Montez dans la voiture ! »

J’obéis, installant Carole à l’arrière et m’asseyant à côté d’elle pour m’en occuper dans un second temps. Dans l’immédiat, mon réflexe fut de casser la verrière avec la crosse de mon arme et d’en faire usage contre la horde anthropophage.

« - Venez vite ! »

Profitant de ma couverture, le policier sauta au volant et démarra le véhicule en marche arrière, alors que les premiers zombis grimpaient déjà sur le capot. Prenant de la vitesse, nous nous éloignâmes du gros des troupes putréfiées assez rapidement, et la manœuvre du conducteur pour retourner la voiture et la faire avancer en marche avant fit tomber tous ceux accrochés au véhicule… tous sauf un, qui passa sa main à travers le pare-brise et saisit le policer à la gorge. La voiture commença à faire de grandes embardées…

Ce que j’ignorais encore c’était que mon cauchemar venait à peine de débuter…
Dernière modification par Gorgoth le 09 juin 2006, 10:59, modifié 1 fois.
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Par souci de clarté, je vais finalement séparer le récit sur plusieurs messages. Voilà le 4e chapitre en date, bonne lecture !


4. Raccoon City Police Department

27 septembre 1998, 9h20, Raccoon City

L’auto zigzaguait et cognait contre divers obstacles sur le bord de la large route, rayant les carrosseries, renversant les poubelles et frôlant les lampadaires. Carole et moi étions secoués dans tous les sens, ce qui nécessitait toute mon attention pour la protéger des chocs. J’entendais le policier dans mon dos qui râlait, perdant son souffle et ayant visiblement lâcher le volant pour tenter de se dégager la gorge. Il me fallait l’aider. Alors que je me retournais, une secousse plus violente que les autres me fit tomber à la renverse avec Carole par-dessus moi, et me fit également perdre des mains mon arme qui glissa sous le siège passager, à mes pieds. Avec les cahots et le corps inerte de Carole me bloquant, je n’arrivais pas à me saisir de mon P226, pourtant je savais le situation très critique. La voiture roulait à toute allure, et si elle heurtait trop directement un mur ou quelque autre obstacle, nous étions tous morts. D’un autre côté, chaque seconde qui passait rendait de plus en plus probable l’entrée du zombi dans le véhicule, avec des conséquences tout aussi tragiques. Incapable de me relever, je me voyais déjà cadavre encore chaud dévoré par des hordes d’anthropophages, quand je fut brutalement basculé et plaqué contre le siège conducteur, ou disons plus précisément contre Carole qui elle était en contact avec ledit siège, le tout dans un hurlement strident des pneumatiques.

« - Tu vas voir charogne ! »

Alors que nous retombions entre les fauteuils, je sentit la voiture accélérer, et après quelques secondes, deux soubresauts successifs m’indiquèrent que nous venions de rouler sur quelque chose. La voix du policier – qui me parut ô combien agréable à l’oreille – retentit dans l’habitacle.

« - Ça va derrière ?
- Je crois que ça ira. Mais elle a perdu conscience ! Il faut rapidement la soigner !
- Tenez bon ! On est presque au commissariat ! Au fait, je m’appelle Marvin, Marvin Branagh.
- Matt Gorgoth. Et voici Carole.
- Vous êtes d’ici ?
- Elle oui, mais pas moi.
- Et bien vous avez choisi votre jour !
- C’est ce que j’ai constaté. Mais que se passe-t-il dans cette ville ?
- Ha ça ! Si seulement je savais… Depuis quelques jours, des centaines de ces monstres envahissent les rues !
- Ils sont bien arrivés d’une manière où d’une autre ?
- Il y avait bien eu quelques faits étranges pendant l’été, mais on avait mis ça sur le compte d’un maniaque psychopathe. On se doutait pas que c’était des morts-vivants !
- Dans un sens, c’est compréhensible. »

Une voix grésillante s’échappa de la C.B., et Marvin décrocha le micro pour répondre.

« - Ici 6-0-4. J’arrive sur Warren Street !
- Bien reçu 6-0-4. On se prépare à vous ouvrir la voie ! »

Notre véhicule de police déboula au même moment dans la rue susnommée, avalant le bitume dans un tonnerre mécanique que produisait le moteur poussé à plein régime. La voie qui nous parut déserte ne tarda pas à être envahit par les silhouettes titubantes de dizaines de morts revenus à la vie qui s’amassaient au devant de notre trajectoire. Sans hésiter un seul instant le policier leur fonça dessus, percutant et renversant les corps décomposés sans ménagement, projetant des masses de chair putréfiée sur le bas-côté. Nous aperçûmes bientôt les barricades érigées tout autour du bâtiment central du Département de Police de Raccoon City, derrière lesquelles de nombreux hommes et femmes en uniformes guettaient, le doigt sur la gâchette, la moindre ombre suspecte. Il n’était pas difficile de deviner la tension de ces malheureux qui s’évertuaient à rester aussi professionnels que possible, malgré leur propre terreur. Lorsque nous fûmes suffisamment proches, je pus apercevoir sur notre droite l’entrée du parking souterrain du commissariat, pareille à une brèche béante et sombre dans une muraille aussi grise que les nuages qui avaient peu à peu envahis le ciel depuis que le jour s’était levé. Un homme serrant fortement un M-16 dans ses mains nous fit signe de passer avec hâte, puis aussitôt sursauta et se mit à faire feu quelque part derrière-nous, bientôt accompagné par le bruit cinglant des armes de ses collègues. Marvin gara sans beaucoup d’application notre véhicule et coupa le contact.

« - Je vais vous conduire à la salle d’autopsie, c’est là qu’on a installé nos blessés, mais si jamais le moindre signe suspect émane d’elle, il faudra l’abattre. On a déjà bien assez à faire avec tous les monstres de dehors…
- Je comprends… Je m’occuperai d’elle. Vous n’aurez pas à vous soucier de nous.
- Très bien. Suivez-moi. »

Je pris Carole dans mes bras et la soulevais, puis Marvin me mena jusqu’à la morgue, non loin du parking. Lorsqu’il poussa la porte, une odeur nauséabonde mêlant charogne, sang et autres émanations tout aussi glauques me saisit les narines – et je dois bien l’admettre, me porta au bord du vomissement. Dans un coin sombre, une bâche dissimulait mal un tas difforme duquel un pied ou une main ressortait ça et là. Le reste de la salle était occupé par de nombreuses personnes plus ou moins mutilés, civils et policiers, auprès desquelles s’affairaient deux jeune femmes visiblement débordées. Ce qui me frappa peut-être le plus, c’est qu’à aucun moment les regards ne se portèrent sur nous, signe que l’arrivée de blessés était devenue trop coutumière…

Je m’avançais et trouvais une petite place pour Carole, prêt des cadavres, où je l’allongeais sans détourner mon regard du tas de morts. Ne trouvant aucun bandage suffisamment propre, je déchirais le reste de ma chemise en lambeaux, et me mis à penser la malheureuse dont la plaie commençait déjà à sécher sous les premiers bandages de fortune que je lui avais fait. Elle respirais de façon quelque peu haletante, mais cela restais dans le cadre de ce que j’avais vu à la guerre. Mais malgré ces signes encourageants, je ne pus m’empêcher de me demander si elle resterait humaine.

Alors que j’hésitais un peu à partir, l’une des deux jeune femme m’assura qu’elle garderai un œil sur Carole. Je confiais donc ma protégée aux bons soins de cette Rebecca Chambers et sortis me mettre en quête de quelqu’un à travers les couloirs lugubres du sous-sol du bâtiment de police. De temps en temps, le bruit d’un coup de feu se répercutait le long des murs, étouffé et lointain comme s’il provenait d’un autre monde. Je montais au rez-de-chaussée, où je trouvais Marvin discutant vivement avec un homme brun aux cheveux courts et à la moustache soignée, à l’embonpoint prononcé et à l’air autoritaire. Je les rejoignis à grands pas.

« - Marvin.
- Ha ! Matthew. Je parlais justement de vous avec mon supérieur. Matthew Gorgoth, Brian Irons, chef de la R.P.D., monsieur Irons, Matthew Gorgoth.
- Monsieur Gorgoth, que faites-vous dans ma ville en de telles circonstances ? »

Le ton du chef de la police était sec, voire suspicieux, et je compris aussitôt qu’il ne m’aimait pas, ce qui était tout à fait réciproque. Je lui répondit tout aussi froidement, ce qui ne manqua pas de surprendre cet homme visiblement peu habitué à être défié.

« - Je ne pense pas que cette ville soit encore la vôtre monsieur Irons. Et si tel est encore le cas, je ne m’en venterais pas à votre place.
- Quoi ! ? »

Je crus qu’il allait me frapper sur-le-champ, mais une voix que je ne connaissais pas cria mon nom et le coupa par la même dans son geste de colère. Trois hommes entrèrent par la porte principale. Ils portaient des vêtements kakis de type militaire et un gilet pare-balles noir estampillé U.B.C.S., ainsi qu’un casque noir à visière. Niveau équipement, ils arboraient des 9mm Sig Pro 2009 à la ceinture, des fusils d’assaut 5.56 mm Colt M4 Carbine en main et des grenades M67 en bandoulière. Un attirail tout sauf civil.

« - Monsieur Matthiew Gorgoth ?
- Lui-même.
- Nous sommes envoyés par Umbrella Corp. Nous avons eu vent de votre arrivée ici, et sommes chargés de vous conduire jusqu’à nos locaux où vous pourrez prendre vos fonctions immédiatement. »

Brian Irons semblait s’étrangler de fureur et invectiva avec agressivité les nouveaux arrivants. Quant à moi, je ne m’étonnais même pas qu’une telle information leur soit parvenu aussi vite.

« - Et quelles sont les fonctions de cet énergumène boiteux ?
- Chef de la division U.B.C.S. d’Umbrella Corp. à Raccoon City.
- Comment ! ? Mais… »

Je ne laissai pas le désagréable personnage terminer sa phrase et lui coupai la parole sèchement.

« - Bien, je vous suis, mais je veux que nous emmenions avec nous une personne blessée.
- Nous n’avons pas reçu d’autorisation concernant quelqu’un d’autre monsieur.
- Et bien considérez ma requête comme un ordre.
- Désolé monsieur, ceci est du ressort du directeur.
- Je… »

Je fus interrompu par un fracas assourdissant et des hurlements. Quelques instants plus tard, un policier dont le bras droit était en sang bouscula un des milicien de l’U.B.C.S. et entra en trombe. Il était passablement affolé et mis quelques instants à réussir à parler.

« - Monsieur Irons ! La barricade ouest vient de céder !
- Quoi ! ?
- Des centaines de monstres sont venus de nulle part et se sont jetés contre la barricade ! On a à peine pu les ralentir ! »

Sans réfléchir, je me précipitais dehors, heurtant sans ménagement le nouvel arrivant et plusieurs mercenaires d’Umbrella pour me frayer un passage. A ma droite, je vis deux voitures de police servant à la barricade renversées et une myriade de zombis entrain de dévorer les quelques policiers qui avaient tenté de les arrêter. Il y avait une mare de leurs sangs mêlés qui dégoulinait sur le sol. Les bruits de mastication et de chair gluante se confondait. Les gémissements sinistres des monstres semblaient un peu moins marqués alors qu’il se repaissaient de cette viande fraîche. Alors que je contemplais avec dégoût et horreur ce spectacle de la mort dévorant la vie, Marvin et deux U.B.C.S. me rejoignirent.

« - Il en faut pas rester là ! Rentrons vite dans le commissariat et bloquons la porte ! »

Ces paroles du policier noir me ramenèrent brusquement à la réalité, alors que les premiers morts-vivants commençaient à se relever et à s’intéresser à nous. Nous nous repliâmes aussitôt dans le bâtiment et nous fermâmes les lourds battants de bois massif. Moins d’une minute après, des coups retentirent. Ils attaquaient la porte. Ayant repris mon calme, je m’adressais au milicien qui semblait diriger tacitement le groupe d’ U.B.C.S.

« - Combien êtes-vous ici ?
- Huit monsieur Gorgoth. Les autres devaient nous attendre dans les fourgons. Mais je ne les ai pas vu dehors ! »

C’est alors que je me rendis compte d’une chose. Les voitures de police renversées, elle ne l’avaient pas été de l’extérieur. Je me tournais vers le policier survivant, dont le bras ensanglanté pendait lamentablement.

« - Comment s’est passé ce débordement ? »

L’homme sembla quelque peu apeuré par ma question, et son regard fit l’aller-retour entre mois et ceux qui étaient désormais mes hommes. Marvin ne semblait pas comprendre plus que moi cette hésitation à parler, et réitéra ma question sur un ton plus autoritaire.

« - Alors ? Comment s’est passé le débordement de la barricade ? Stampleton !
- Je… ils… C’est… »

Un cliquetis métallique raisonna à mon oreille, et une détonation s’ensuivit. Nous vîmes alors la cervelle de Stampleton exploser et se répandre par terre, alors que lui-même s’effondrait, une balle lui ayant traversé la tête. Instinctivement, je dégainais mon arme et me tournais dans la direction d’où provenait le tir, sur la balustrade, au premier étage. Personne. Je me retournais vers le groupe, constatant seulement à cet instant que Irons n’était plus là.

De fait, il n’était plus là depuis que nous étions sorti voir l’état de la barricade ouest. Mais je ne me rendis compte de ça qu’en y repensant bien plus tard.

Nous étions tous assez dépités, mais Marvin fut le premier à réagir.

« - Ne restons pas là ! Il faut trouver tous les survivants et nous regrouper ! Ensuite, nous ficherons le camps d’ici !
- Vous avez raison Marvin. Mais ce commissariat a l’air immense !
- En effet Matthew.
- Matt.
- Matt. Et bien en fait ce commissariat est un ancien musé. Si on veut tout ratisser rapidement, il va falloir se séparer.
- Il faut aussi convenir d’un point de rendez-vous. Je propose la morgue.
- Entendu. Mais avant toute chose, nous devrions tous aller au parking souterrain vérifier que les zombis ne sont pas entrés par là !
- Allons-y. Messieurs, en route ! »

Nous nous rendîmes donc au parking, où nous trouvâmes trois policiers dont un était sévèrement blessé. Le rideau métallique était baissé, et aucun zombi n’avait pu entrer. Après avoir mener les deux blessés de notre groupe à la morgue, nous n’étions plus que douze hommes valides. Avant de nous séparer, nous fîmes le point sur les munitions afin de les répartir équitablement. Les mercenaires de l’U.B.C.S. conservèrent leurs fusils d’assaut M4 et deux grenades chacun, les policiers et moi nous partageâmes les chargeurs de pistolet et prîmes deux grenades chacun. Les pistolets surnuméraires furent jeter négligemment au sol après avoir été débarrasser de leurs munitions. Nous nous répartîmes ainsi : deux U.B.C.S. par groupe, complété par un policier. Je pris la tête du dernier groupe, et me vis assigner comme tâche d’explorer les ruelles proches du commissariat.

Sur le coup je pestais intérieurement contre cette malchance qui me faisait hériter du secteur le plus dangereux. Mais j’ignorais encore ma chance.

Le groupe de Marvin devait s’occuper des étages, et les deux autres du sous-sol et des égouts proches. Nous nous fixâmes un délai d’une heure, passé lequel ceux qui seraient retournés à la morgue commenceraient à évacuer, puis nous nous séparâmes.

Ce fut la dernière fois que je vis ces hommes.
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Gorgoth
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5. Preys and hunters

27 septembre 1998, 12h01, Raccoon City

Le ciel était très orageux, et on voyait à peine mieux qu’à l’aube tant l’air était sombre. En tant que chef de groupe, j’ouvrais la marche, couvert par les deux mercenaires officiellement sous mes ordres. Nous étions sortis par le parking, avant que Marvin ne le referme derrière nous, non sans nous avoir d’abord confié la clé nécessaire à son ouverture.
J’avais ramené mon groupe dans la rue par laquelle Marvin nous avais conduit au commissariat, et rien ne se voyait plus. Il n’y avait aucune trace des zombis, pas même les restes de ceux qui auraient dû se trouver là après avoir été abattus à l’ancienne barricade est du bâtiment de police, désormais vulnérable et abandonnée après la chute de sa pendante à l’ouest. Nous avancions toutefois avec circonspection, à la manière utilisée dans les SAS en environnement urbain hostile, nous couvrant les uns les autres en permanence. Warren Street se révélant vide de toute présence après une dizaine de minutes d’inspections alentours, je décidais d’inspecter une ruelle aux briques rouges passant derrière le commissariat. Mon P226 prêt à servir, je m’engageais dans l’étroit passage encombré de détritus et de poubelles renversées, suivi par les deux U.B.C.S. qui couvraient l’arrière. Il y avait une bouche d’égout à peu prêt à mi-parcours, et sans trop savoir pourquoi, j’avais une sensation de malaise, comme si quelque créature prédatrice m’observait, prête à fondre sur la proie que j’étais.

Et de fait, je n’avais pas totalement tord. Bien que la menace ne se mit pas à exécution au moment où je l’attendais le plus.

Nous passages prêt de la plaque d’égout à moitié défaite, puis nous atteignîmes la sortie de la ruelle sans encombre. Mais cette facilité apparente nous rendait nerveux. Tant mes deux équipiers que moi savions par instinct que tout ceci n’était que le calme avant la tempête, que tout délai à trouver le danger ne faisait que le rendre plus grand. Plus que jamais le doigt sur la gâchette, nous prîmes une ruelle perpendiculaire à celle que nous venions de traverser. Elle était très sombre et encore plus étriquée que la précédente, et se terminait en cul-de-sac par un mur de béton taggué de quatre ou cinq mètres. Des flaques d’une eau huileuse étaient répandues ça et là, si sale qu’elle reflétait à peine les murs poisseux et taggués. Nos pas raisonnaient dans ce couloir urbain, nous rendant le silence alentours encore plus oppressant. J’avais toujours cette étrange impression, bien que plus diffuse, et je m’appliquais à scruter le moindre recoin. Nous avions atteint le mur du fond et faisions juste demi-tour, relâchant quelque peu notre tension, quand un genre de grognement aigu retentit. Nous restâmes sur place et pointâmes nos armes dans la direction du cri, les nerfs à vif. Par l’angle à l’entrée de la petite rue, nous vîmes une ombre s’avancer sous la faible lumière. Ce qui se présenta me parut instinctivement plus dangereux que les zombis.

Et en cela, j’avais entièrement raison.

Ramassé, avec une sorte de cuir verdâtre pustuleux en guise de peau, la créature – presque aussi grosse qu’un homme – arborait de longs doigts griffus au bout de ses bras surdimensionnés, alors que ses jambes étaient plus trapus, mais tout aussi fortes. Mais ce qui était le plus effrayant, c’était ses yeux. Petits, reptiliens, et rouges. Un de mes deux compagnons d’infortune tira une rafale vers le monstre, dont le corps s’ébroua violemment avant de tomber face contre terre. Satisfait et esquissant un sourire, celui qui avait fait feu releva son arme, dont il posa le canon contre son épaule, à la façon d’un soldat qui vient d’éliminer une menace imminente. Son comparse abaissa son M4 vers le sol.

« - C’est bon, je l’ai liquidé ce sale crapaud.
- Je n’aime pas ça. C’était trop facile.
- Allons monsieur Gorgoth. Il est raide. Filons d’ici, il y a plus rien à voir.
- Il n’empêche que je ne suis pas plus tranquille. Il serait plus sage de ne pas se relâcher.
- La zone est clean, il y a plus à s’inquiéter, regardez… »

Avant que je ne puisse le retenir, l’U.B.C.S. qui avait réalisé le carton plein s’approcha nonchalamment de la chose sur le bitume. En un éclair, cette aberration se redressa et bondit toutes griffes dehors vers le malheureux, dont la tête se détacha et roula jusqu’à mes pieds, tandis que son corps, devenu une fontaine ensanglantée, s’effondrait. Tout en hurlant « Feu ! Feu ! », j’usais de mon arme à l’encontre de la créature qui venait vers moi. Elle ne bondissait plus aussi vivement, mais elle encaissait les plombs avec une apparente indifférence qui faisait froid dans le dos. Ce ne fut qu’après lui avoir mis ma six ou septième balle dans le corps qu’elle daigna enfin tomber – définitivement cette fois. Me détournant pour parler au mercenaire restant, je restais coi de stupeur. Il n’y avait personne. Sans savoir pourquoi, je levais les yeux, juste à temps pour voir l’extrémité de ses rangers disparaître par dessus le mur. Plus rien ne bougeait autour de moi. Seul. J’étais seul. Mes yeux balayaient rapidement la pénombre autour de moi, mes oreilles prêtaient attention au moindre souffle, mes mains tremblaient, de la sueur perlait sur mon front. Pour la première fois, j’eu du mal à me maîtriser, et il me fallu plusieurs minutes pour reprendre mon calme. En quelques secondes, deux hommes, des professionnels, solidement armés, avaient été tués. Les zombis étaient une chose. Ils étaient forts et résistants. Mais ces créatures là, elles avaient de l’intelligence en plus. C’était des prédateurs, des chasseurs, et nous, humains, étions leurs proies.

Jusqu’à présent, je ne m’étais pas posé la question du « pourquoi » et du « comment », mais la présence de ces monstres, très différents des zombis, en sus de réveiller ma peur, me fit me demander ce qui était à l’origine de ces événements.

Après avoir repris mes esprits, j’allais ramasser l’équipement de l’U.B.C.S. décapité. J’accrochais les deux grenades à ma ceinture, pris autant de chargeurs que possible et son Sig Pro 2009 comme second pistolet, enfilais son gilet pare-balle, et me saisissais de son fusil M4 et de son couteau. Je regardais ma montre : 12h23. Selon toute logique, il aurait mieux valu que je regagne le commissariat, mais je n’oubliais pas le pourquoi de ma présence dans ces rues sordides : trouver des survivants, aussi fou que cela puisse paraître. Aussi, je décidais de poursuivre mes investigations morbides. Rebroussant chemin jusqu’à Warren Street, j’avançais lentement, aux aguets, scrutant attentivement tant la rue que les bâtiments. La rue était dans le même état que si elle avait été le théâtre de violentes émeutes suivies de pillages, sauf que là, aucune sirène ne retentissait, et aucun policier ni secouriste n’accourait. Les voitures, pour la plupart, n’étaient plus que des épaves aux vitres brisées, aux pneus éclatés et aux phares casés, quand la carcasse n’avait pas tout simplement brûlée. Les vitrines des magasins étaient en mille morceaux, les grilles de sécurité étaient souvent à moitié arrachées et n’offraient plus aucune protection. Les portes avaient été barricadées, mais si celles en métal ou en bois dur avaient résistées, celles de qualité moindre étaient presque toutes enfoncées. Pour renforcer le lugubre de cette scène de désolation, il n’était pas une minute sans qu’un cri, un coup de feu ou un gémissement à la sonorité glaciale vienne crever le lourd silence qui avait englobé toute cette ville. Il restait bel et bien des survivants dans cette cité morte, mais leur destin était scellé pour la majorité d’entre eux, les abominations parcourant les rues semblant vouloir les poursuivre pour tous les dévorer. Tous. Jusqu’au dernier.

Je m’arrêtais devant le bâtiment de la presse, les lettres en relief au-dessus de l’entrée indiquaient « The Raccoon City Times ». Je fus assez surpris que l’état du bâtiment : bien que l’accès à l’intérieur n’étais assuré que pas des portes automatiques vitrées – donc facilement destructibles – il n’y avait aucune dégradation apparente. Je décidais donc d’inspecter les lieux : il pouvait encore s’y trouver des survivants. La porte refusant de fonctionner à mon approche, je me mis à porter de violents coup de crosses afin d’abattre cet obstacle de verre. Après quelques instants durant lesquelles je m’acharnais contre le solide vitrage, celui-ci céda enfin. J’entrais dans le bâtiment, attentif. Le hall était vaste et aéré, avec en son centre une sorte de vaste bureau d’accueil hexagonal, derrière lequel pouvaient se tenir sans problème une demi douzaine de personnes. Le reste de l’ameublement consistait essentiellement en quelques gros pots dans lesquels se trouvaient de grandes plantes aux feuilles longues et effilées. Sur les côtés, se trouvaient les accès vers les ascenseurs, ainsi qu’aux escaliers de secours. M’approchant d’une des portes d’ascenseur, je remarquais que le cadrant avait été saboté et était totalement hors d’usage. Un rapide tour de la salle m’appris qu’il en était de même pour les trois autres. Les portes d’accès aux escaliers, quant à elles, étaient inexplicablement bloquées. J’avais beau m’échiner à secouer la poignée et à tirer la porte vers moi, celle-ci refusait de céder le moindre centimètre. La seule explication qui me vint à l’esprit, était qu’il restait des survivants, qui pour pallier au manque de sécurité offerte par l’entrée principale du bâtiment, avaient volontairement bloqué les accès entre le hall et le reste de l’édifice.

Un dilemme se posa alors à moi. Devais-je essayer de trouver un autre accès et fouiller toutes les salles et prendre le risque d’arriver trop tard à la morgue, ou devais-je repartir et tenter ma chance ailleurs ?

12h31. J’avais encore un peu de temps, et trouver des survivants ailleurs était pour le moins hasardeux. Je décidais donc de trouver un moyen de sauver ceux pris au piège ici. Les portes s’obstinant à me résister, et la bouche d’aération la plus accessible étant à au moins trois mètres du sol, je décidais d’employer la manière forte. Après m’être abrité derrière le bureau central, je me saisis d’une grenade que je dégoupillais et lançais contre la porte de l’escalier sud. J’entendis la bombe rebondir avant de rouler par terre, exploser. Des débris de petite taille volèrent par dessus ma tête. Me relevant, je pestais. Comme je le craignais, la porte avait été endommagée certes, mais elle n’avait qu’un simple trou au niveau du sol, et l’amoncellement de chaises et autres objets qui la coinçaient m’empêchaient toujours de passer. Il me fallais utiliser encore une autre grenade, au moins, afin de dégager le passage. Prenant un des rideaux, que je n’avais pas vu de l’extérieur car ils étaient repliés, j’en isolais un fil avec mon couteau, avant de le dérouler sur cinq ou six mètres. J’attachais une extrémité à la goupille d’une grenade, que je coinçais au milieu du bric-à-brac qui obstruait la porte, et retournais à ma cachette en déroulant le fil. D’un coup sec, j’arrachais la goupille avec mon fil, et quelques secondes plus tard, tout vola en éclat. Je pus enfin emprunter les escaliers. Il devait y avoir trois étages à fouiller, et il me restait un petit quart d’heure à peine, avant que le chronomètre ne m’oblige à retourner au commissariat. Arrivé au premier niveau, j’enfonçais la porte – fermée à clé – qui me barrait la route. Par chance, l’architecture de l’étage était simple : un immense salle de rédaction, avec juste de petits boxes séparant les bureaux des journalistes, une salle de réunion intégrée à l’ensemble, et des toilettes. Tout en appelant d’éventuelles personnes à intervalles réguliers, je parcourus vivement la salle commune, jetais un coup d’œil rapide dans la salle de réunion et passais tout aussi fugacement pour les toilettes. Le second étage avait la même configuration, et je ne trouvais personne là non plus. La porte du troisième étage résista à mes coups de pieds. Je touchais au but. N’ayant pas le temps ni l’envi d’utiliser mes dernières grenades pour faire tomber cette barricade, je décidais de parlementer directement.

« - Il y a quelqu’un ? »

Pas de réponse.

« - Je suis de l’U.B.C.S. ! Je suis ici pour vous secourir ! »

J’entendis comme des bruits de pas, mais toujours aucune voix.

« - Je suis venu pour vous aider ! Ouvrez-moi s’il vous plaît !
- Fichez le camps ! On a pas besoin de vous ! On sait ce que vous faites chez Umbrella !
- De quoi vous parlez ?
- Ne faites pas l’innocent ! On sait que tout ça c’est votre faute, et que vous tuerez tout témoin gênant !
- Témoin de quoi ? Je ne comprends absolument rien !
- Fichez le camps ! »

J’entendis un déclic, et à peine m’étais je plaqué contre le mur sur le côté de la porte, que deux balles la traversèrent à hauteur de poitrine. Visiblement, si je voulais sauver quelqu’un, je devrais le faire malgré lui. Prestement, je dégoupillais mes deux grenades, que je laissais rouler contre la porte, et, tout en criant un « grenade ! » assez fort pour que les occupants de la salle l’entendent, je basculais par-dessus la balustrade et atterrissais une demi étage plus bas au moment même où les explosifs sautaient. Quelques morceaux de contreplaqué et de bois volèrent autour de moi. Je me relevais et, profitant de la fumée, entrais dans la salle d’une roulade, braquant mon arme et balayant l’espace pour détecter toute menace éventuelle avant que celle-ci ne puisse devenir un danger. A côté de moi, un homme haletait à quatre pattes, un revolver non loin de lui. Dans un coin de la salle dévastée, mal dissimulés derrières quelques panneaux bas, se trouvait un petit groupe de personnes visiblement terrorisées. Je me relevais et baissais mon arme.

« - Ecoutez-moi ! Si vous tenez à vous échapper de cet enfer, venez avec moi sur-le-champ au commissariat ! Je vous protègerai. Mais si vous hésitez ou traînez en route, je n’attendrai personne !
- Pourquoi on vous ferait confiance ? Vous êtes avec eux ! »

C’était l’homme à genoux, celui qui m’avait tiré dessus, qui parlait. Ses yeux, me regardant avec défiance, passaient rapidement de moi au revolver à intervalles réguliers. Il était visiblement très nerveux, et donc pouvait s’avérer nuisible.

« - Je ne suis pas là pour vous tuer, mais si vous comptez vous servir de ça contre moi, vous êtes mort. »

Il eut un mouvement de recul, et les autres personnes se serrèrent en gémissant. Je n’avais presque plus le temps d’attendre, aussi devais-je secouer tout ce petit monde, ou l’abandonner là à son sort.

« - Je n’irai pas par quatre chemins : soit vous venez avec moi maintenant, soit vous restez ici ! »

Une femme se redressa me jeta un regard à la fois implorant et empli de crainte, avant de regarder ses collègues, et de reporter à nouveau ses yeux vers moi. Elle hésitait visiblement. Un homme dont les cheveux étaient en queue de cheval semblait également indécis. Alors que je me détournais pour partir, l'homme aux cheveux attachés m'interpella.

« - Vous n'êtes vraiment pas au courant pour Umbrella ?
- Non, mais tout ce qui m'importe, c'est de sortir d'ici.
- Alors Kate et moi nous vous suivons. »

Les autres essayèrent mollement de les retenir, mais sans grand succès. Celui qui m'avait tiré dessus ne dit ni ne tenta rien.

Accompagné des deux journalistes, j'étais à peine arrivé au niveau inférieur que j'entendis très nettement des bruits de verre brisé, ainsi que des hurlements et un coup de feu. Sans prendre le temps de me retourner, j'entraînais l'homme et la femme plus en avant. Mon instinct me disait que le building était devenu un piège – un piège qui allait bientôt se refermer sur nous si nous ne nous échappions pas. Au-dessus de nous, un grognement – qui sonnait trop familièrement à mes oreilles – m'indiqua que quelque chose venait d'entrer dans la cage d'escalier : c'était un de ces chasseurs.
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