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Dima
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Avant de créer le sujet, j'ai cherché si le sujet devait obligatoirement porté le nom d'un livre, jeu, film ou autres et je n'ai rien trouvé, donc j'espère qu'il n'est pas interdit de créer un tel sujet. Je voulais éviter de créer un sujet pour un roman et un comic-book "peut-être" inconnu du grand public.

Bleu Méthylène

Auteur Théo Carmin aka Sylartichot

Couverture/dessins: Hypathie Aswang
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Première chose, une présentation de l'auteur s'impose. Théo Carmin est un passionné de cinoche de genre et de surnaturel, connu principalement sous le pseudonyme Syartichot sur youtube avec sa chaine éponyme. Cette dernière traite du surnaturel au sens large, avec une approche critique voir scientifique, documenté et qui laisse toujours le doute à la fin d'un sujet... oui c'est Scully, mais version luxembourgeoise. Sa chaîne en tout cas comporte de nombreuses vidéos au sujet aussi varié qu'intéressant et il mélange autant "réalité" si on on croit aux phénomènes paranormaux que fiction avec des creepypasta dont certaines sont de lui. Il se définit comme un conteur, chose qui n'est pas si facile, mais qu'il réussit avec brio. Voici donc son premier roman, auto-financé et disponible sur les sites de vente en ligne. Je ne suis peut-être pas objectif en écrivant ma chronique, car j'apprécie réellement son travail et les quelques échanges que j'ai eus sur twitter en font quelqu'un de véritablement sympathique.

Bref, parlons du sujet qui nous intéresse, le roman en lui-même. Le personnage principal, Bleu, est un marginal qui est oppressé au quotidien par une entité qu'on associe, du moins que j'associe à un Shadowpeople. Sa vie est donc chaotique et son quotidien se résume à observer les gens dans un petit restaurant et notamment Violette, une jolie femme chez qui il perçoit quelque chose d'étrange.

Le postulat de base est simple, mais très bien écrit. L'auteur ne se perd pas dans descriptions à n'en plus finir et nous propose de vivre directement les évènements qui vont changer la vie du personnage par une écriture à la première personne. Ce n'est pas forcément une facilité d'écriture, car vivre directement les évènements d'une oeuvre, sans forcément avoir le point de vue d'un autre personnage, permet à mon sens de mieux comprendre le délire dans lequel le personnage peut s'enfoncer. On ne sait jamais si ce qu'il dit est la vérité ou sa vérité et on en vient à douter régulièrement de ce qui écrit.

La force du récit c'est le personnage principal. Il est paranoïaque puissance 1000, un Hunter S. Thompson évoluant dans le film Bug de William Friedkin avec une ambiance creepy à souhait. L'auteur propose de voir la construction en direct de la pensée du personnage et toutes les étapes par lesquelles il passe avant de passer à l'action. C'est réellement flippant de voir le fonctionnement du personnage. Notre vision du personnage oscille régulièrement entre deux approches. Il y a celle d'un type à la limite du burn-out et avant le passage à l'acte, renvoyant aux fait divers que l'on peut régulièrement lire dans la presse, mais aussi celle d'un personnage dans le vrai qui voit ce que les autres ne voient pas et qui pendant une partie de sa vie préfère fermer les yeux. Théo Carmin décide de faire osciller notre point de vue tout au long du récit sans nous dire d'adopter l'un ou l'autre.

Attention, je ne dis pas que le personnage n'évolue pas, au contraire. Par le choix de faire un roman à la première personne, on assimile toutes les informations que nous transmet le personnage et après c'est à nous de faire la part des choses et c'est là qu'il est difficile pour nous de savoir si c'est vrai ou non. C'est un peu comme Shutter Island, on doute et même quand on a des éléments qui tendent à nous faire croire à telle ou telle vérité, on se rappelle qu'il y avait cet élément précédent qui au final nous fait douter.

J'aime beaucoup l'utilisation du ShadowPeople et de l'idée du Doppleganger. Le premier est un être à mon sens peu employé dans les récits fantastiques et ici le conteur évite de tomber dans le cliché et dans l'origin-story facile. On commence le roman et bam le personnage est déjà confronté à sa Némésis. La première attaque est assez flippante, non pas dans sa violence, mais dans ce qu'elle suppose. C'est un roman et nous n'avons pas d'images, mais on imagine et l'auteur joue avec notre peur primale du noir. La force du roman, en dehors de l'écriture des personnages, c'est la manière dont l'auteur oriente le côté fantastique de son récit vers des peurs plus "réelles", cette peur de vivre, du lien social, de la différence. J'ai eu à plusieurs moments l'impression de voir le portrait psychologique d'un Ikkikomori tentant inconsciemment de s'extraire de sa condition avant de craquer.

C'est fort, car j'ai eu cette impression de lire par moment un portrait de ma personne, ce repli sur soit, cette tendance à se cacher la vérité et surtout cette peur constante de l'inconnu, de nos choix. Bon personnellement je ne suis pas harcelé par une créature venant d'une autre dimension, mais j'ai un chat qui veut me tuer en me rendant fou, c'est un peu la même approche.

Le roman a quelques twists que je n'ai pas vu arriver, notamment un concernant un personnage du récit et il y a cette fin ou j'avais l'impression de voir le visage du personnage principal et cette démence digne d'un personnage de Shin Megami.

Je ne vais pas mentir, j'ai aimé, c'est différent de mes attentes, Sylartichot a cassé mes attentes et m'a proposé un roman bien différent, mais qui touche au but et qui me fait attendre les prochains écrits de son auteur. Je le recommande si vous voulez un roman sans prétention, écrit avec le coeur et qui par son approche ambigu, permet plusieurs lectures sans forcément percevoir la même chose. Merci à lui.

⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

PS: Un oubli de ma part, les dessins accompagnant le roman sont dans un style que personnellement j'adore, je ne connaissais pas cette artiste et son approche de l'univers du romancier dote celui-ci d'un niveau supplémentaire dans le mystère qui s'en dégage. C'est flippant sans être grossier dans l'approche. Pour faire simple c'est beau et c'est avec plaisir que je continuerai à suivre son parcours.

Infidel #1

Histoire: Pornsak Pichetshote

Couverture/dessins: Aaron Campbell, José Villarrubia & Jae Lee
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Depuis son annonce, c'était le titre que j'attendais le plus pour les nouveaux titres à venir cette année dans l'écurie Image.

Premier numéro lu et c'est une belle surprise. Partir du concept que la xénophobie alimente une créature est une approche intéressante, surtout dans le contexte actuel, en Europe ou aux USA. Le scénariste débute son récit en nous plongeant dans une situation classique, mais magnifié par le dessin de Aaron Campbell. Les yeux de Aicha, l’héroïne de la mini-série, capte automatiquement notre regard et on reste hypnotisé, bien que l'ambiance ne soit pas des plus poétique. L'introduction du personnage dans son quotidien, ainsi que celui des autres femmes de cette famille musulmane est un exemple d'authenticité. La conversation entre les personnages est naturelle, authentique et la rupture de ton que propose le scénariste avec l'arrivée de l'homme surprend. Il y a un décalage entre les deux passages qui interpellent. Le scénariste semble vouloir donner plus d'importance aux femmes plutôt qu'aux hommes et ces derniers semblent artificiels, être de simples rouages pour faire avancer le récit plutôt que d'être de véritables personnages. Ils sont juste des personnages fonctions, du moins pour le premier numéro, la suite prouvera peut-être que je me trompe.

Le soin apportait à l'ambiance, mais aussi à l'authenticité de la famille, de sa condition au sein d'une société occidentale, fait plaisir. Avec un premier numéro on ne peut savoir si le canevas d'origine sera développé et si les personnages évolueront, mais on peut l'espérer. La base est de qualité et le travail sur les personnages, féminins notamment, fait plaisir. Comme pour une série comme Miss Marvel, le scénariste évite de tomber dans le cliché, c'est ce qui était plaisant dans la série de Kamala et qui faisait qu'on pouvait s'attacher au personnage comme à son environnement. Ici c'est la même chose, le réalisateur veut rendre sa retranscription la plus fidèle possible et faire de sa créature un élément pratiquement normal, faisant échos à des peurs enfantines (son introduction,) mais qui dans sa réalité est bien plus adulte qu'elle le laisse penser. Le scénariste jonche son récit d'éléments qui prendront probablement de l'importance par la suite.

Les dessins sont superbes, ils épousent complètement l'ambiance oppressante et authentique du récit. Le soin apportait à l'héroïne et notamment son visage fait plaisir. D'ailleurs il y a par moment une différence dans le traitement des personnages qui surprend, notamment en ce qui concerne les visages et les expressions de l'homme ou de l'enfant, c'est assez déconcertant, même si cela ne dérange pas outre mesure à la qualité de l'ensemble. Le niveau de détails apportés aux planches font partie intégrante du plaisir que j'ai eu à la lecture et le travail sur les couleurs sont, selon moi un exemple à suivre quand on voit ce que l'on peut se taper parfois, notamment sur les dessins d'un artiste comme Larroca. Ici c'est beau même quand l'ambiance est malsaine, on prend plaisir à regarder les planches qui composent le premier numéro

Premier numéro intriguant et qui, je l'espère, débouchera sur une suite elle, aussi, de qualité.

À surveiller.

⭐️⭐️⭐️⭐️
"Every day, humans come one step closer to self-destruction. I'm not destroying the world, I'm saving it!" Albert Wesker.
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Jericho
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Dima, et tu fan de comics ? Si c'est le cas, je te conseil fortement Crossed.
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