J'ai fini à nouveau la campagne de REV1 la nuit dernière. Ma dernière partie remonte à un peu moins de 3 ans, j'ai donc eu le temps d'oublier certaines choses. J'aurais préféré ne pas me souvenir de certaines d'entre elles...
Plus j'y jouais, plus j'avais le sentiment étrange de lire un manga de seconde zone. Suffit de figer les images des cinématiques et de rajouter des bulles dedans.
C'est vraiment le seul RE qui me donne à ce point cette impression de "produit purement jap", là où la plupart des autres épisodes voulaient singer Hollywood, ce qui leur allait plutôt bien. Tout dans la mise en scène fait anime jap cliché à mort, avec tous les poncifs possibles et imaginables : les mecs qui parlent en fermant les yeux et/ou le dos tourné, les phrases sans fin (qu'est-ce que je peux détester ça
), les
punchlines à la noix qui tombent bien à plat, les twists à deux ronds qui n'ont aucun p*tain de sens, bref c'est la fête du slip. Bien sûr, on retrouve un peu de tout ça dispersé dans les autres épisodes aussi, mais je trouve que dans REV1, c'est à haute dose, partout, tout le temps, au point que je ne vois plus que ça !
Je me suis fait la réflexion suivante : en terme de narration, REV1 est l'antithèse totale de RE6. REV1 a une mise en scène cheapos, des dialogues nazes à en pleurer (soit trop premier degré, soit qui essaient d'être drôles sans y parvenir), et des doublages qui nous ramènent aux pires heures de la série. Seul Roger Craig Smith s'en tire honorablement, fidèle à lui-même : les autres c'est une catastrophe, avec une mention toute particulière pour Clive R. O'Brian, juste insupportable.
Mais, l'histoire est tout de même intéressante et inhabituellement bien ficelée "politiquement", même si elle est racontée n'importe comment. RE6 c'est l'inverse : le fond de l'histoire est nul, surtout quand on se rend compte des motivations tristement puériles des méchants, mais la mise en scène est très travaillée, et les dialogues comme les doublages sont du pur caviar pour les fans.
Petite liste non exhaustive des scènes et points de l'histoire qui me font lever les yeux au ciel, encore aujourd'hui, et que je n'arriverai probablement jamais à avaler (spoilers, évidemment) :
- Terragrigia. Cette ville de science fiction n'a pas sa place dans la série, et je ne parle même pas du Regia Solis, arme ultime dont on n'entendra plus jamais parler par la suite, et qui fait passer le laser orbital Shango de RE5 pour du pipi de chat.
- L'arrivée en bateau de Chris et Jessica sur le Queen Zenobia. Cette séquence de tir sur rail est à vomir, j'avais totalement oublié à quel point elle était pourrie ! Limite, le chapitre 2-3 de RE5 c'est un chef d'oeuvre vidéoludique en comparaison. J'en ai eu le souffle coupé. La visée merdique de la mitrailleuse, la caméra qui bouge dans tous les sens, les projectiles impossibles à stopper entièrement... j'en ai encore des frissons.
- La fausse mort de Raymond. Cette scène n'a juste aucun sens, point. Jessica qui débarque comme une furie et tire sans sommation sur un mec désarmé qui s'apprêtait à tout déballer, et seul Chris ose un léger "Hé ho, ça va oui ?!" Vous êtes sérieux les mecs ? Et le gaillard par terre qui DE TOUTE EVIDENCE n'est PAS mort (aucune trace de sang, et puis merde,
on le voit bouger, sans blague...), vous le laissez en plan, rien à foutre. Vérifier ? Pourquoi faire ? C'est pas comme si c'était un témoin vital à interroger à tout prix, après tout. La théorie du "Parker couvre sa fausse mort" s'effondre quand on voit à quel point cet ahuri est surpris de revoir Raymond en vie sur le pont, braquant Jessica.
- La fausse mort de Parker. Pourquoi tenter de nous tirer des larmes (en vain, vraiment, OSEF total de ce loser) si c'est pour le faire revenir deux secondes après ? Soit il tombe de manière abrupte et sa survie est en question, soit on sort les violons et sa mort ne fait aucun doute. On ne fait pas les deux à la fois, question de bon sens !!!
- L'existence du Queen Dido. Le Queen Semiramis, ok : un document nous laissait soupçonner son existence un peu avant. Mais on y parle d'un seul bateau copié, pas de deux. Le troisième semble sorti tout droit d'un chapeau. Quant à vouloir nous faire croire que des mecs peuvent survivre une année entière sous l'eau sans oxygène ni ravitaillement, c'est tout simplement risible, virus ou pas virus.
- Les fausses mort de Quint et Keith. Leur survie, c'est vraiment juste histoire de pas faire passer Clive pour un gros naze qui envoie ses propres hommes à la mort pour démêler des fils qu'il a lui-même tissés. Aucune autre raison ne peut expliquer ça.
- L'épilogue, bien évidemment. Jessica et Raymond bossaient ensemble, comme de bien entendu. Qu'est-ce que ça apporte au scénario ? Rien. Uniquement des incohérences en pagaille. Absolument rien dans le jeu ne peut faire penser un seul instant que ces deux là sont de mèche. Alors oui, je suis parfaitement conscient du fait que c'est voulu, et que les zouaves jouent un rôle, mais leurs interactions montrent qu'ils font au contraire TOUT pour se mettre des bâtons dans les roues. Je suis désolé mais nous expliquer à la fin qu'en fait ils sont potes, alors que Jessica a tenté par deux fois de tuer Raymond, et que ce dernier l'a menacée d'une arme à un moment où son intervention n'était pas du tout souhaitable pour la réussite de leur plan... non vraiment, j'achète pas. Et puis d'ailleurs, c'était quoi leur but, finalement ? Faire couler Morgan ? O'Brian et Raymond y arrivent très bien seuls avec leur plan foireux, l'intervention de Jessica ne les aide en aucune manière, bien au contraire. Récupérer le virus T-Abyss pour Tricell ? Aucun besoin d'impliquer le BSAA pour ça, suffit de se servir. On en trouve même sur la plage... En 2012, cet épilogue avait ruiné mes bonnes impressions initiales sur le jeu, et mon avis n'a pas changé. Je me sens toujours aussi arnaqué par le scénariste.
Je ne vais pas m'étendre sur les designs grotesques des persos et des monstres, ni sur la qualité déplorable du portage HD qui se permet le luxe d'être moins joli et fluide que la version 3DS : je ne veux pas être inutilement grossier. Restent comme seuls bons points à mon sens : les musiques du jeu, magistrales, et le level design du Queen Zenobia, qui est agréable à parcourir... et c'est à peu près tout.