Tormented Souls [Test]

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Magnum
Survivor
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S'inscrivant dans la lignée des survival horror des années 90, et s'inspirant essentiellement des ténors du genre tels que Resident Evil, Alone in the Dark et Silent Hill, Tormented Souls est une lettre d'amour dirigée à tous ceux aimant le genre. Le jeu est sorti depuis août 2021, sur différentes plateformes.

Caroline Walker reçoit un jour une mystérieuse enveloppe contenant une photo, qui illustre deux jumelles attirant fortement l'attention de la jeune femme. Une photographie qui la hante dans ses rêves depuis quelques jours. Intriguée, Caroline décide de se rendre à Winterlake, et d'enquêter au sein d'un vieux manoir faisant office d'hôpital afin de percer à jour ses sombres secrets s'articulant autour de la famille Wildberger. Mais ce qu'elle y découvrira fera basculer son destin et mettra à rude épreuve ses plus grandes peurs...

C'est donc sur ce prologue que l'ambiance et le décor sont rapidement posés. On a affaire à un survival horror pur souche de la vieille école, comme on n'en fait (pratiquement) plus de nos jours.
Il faut donc s'attendre à un gameplay vieillot, mais qui introduit parallèlement quelques petites mécaniques modernes tenant du détail, afin que le jeu reste un minimum accessible aux nouveaux joueurs tout en ravissant les amoureux de vieux survival horror.
En fait, j'ai même envie de dire que le jeu s'adresse majoritairement aux joueurs friands de vieux survival des années 90.

Comme déjà cité, le jeu puise ses inspirations dans Silent Hill, Alone in the Dark et Resident Evil. Il s'agit d'un jeu indépendant, et donc à un petit budget, ayant pour vocation de nous offrir un retour aux sources des jeux d'horreur d'antan. De ce fait, le soft ne peut échapper aux affres du classicisme et de certains vieux clichés inhérents au genre. Mais ne vous y trompez pas, le jeu possède aussi sa propre identité et sa propre aura qui le démarquent un minimum des autres grands classiques. Un titre qui tente certes de renouer avec nos premiers amours du genre d'il y a au moins 20 ans, mais à ne pas sous-estimer.

Si aujourd'hui beaucoup de jeux d'horreur indépendants tentent d'imiter ou de s'inspirer d'anciens grands classiques, la plupart restent moyens, tandis que d'autres se révèlent médiocres ou à peine acceptables. Réjouissez-vous, Tormented Souls s'élève bien au-dessus en plaçant la barre assez haut pour un jeu indé. Il n'est pas parfait, loin de là, mais il reste dans le haut du panier en termes de jeux indépendants prônant le retour des vieux jeux d'horreur remis au goût du jour mais gardant avant tout l'essence.


Si vous souhaitez en savoir plus, je vous propose mon test ci-dessous, en encadré, et sans spoiler évidemment.
Tormented Souls nous transporte dans une vieille demeure aménagée en hôpital où vous incarnez Caroline Walker, une jeune femme venue en ces lieux enquêter suite à la réception d'une mystérieuse lettre jointe à une photo de jumelles. Après une brève séquence d'introduction présentant tout cela, on se rend vite compte que le gameplay se veut à l'ancienne en optant pour une caméra plus ou moins fixe (en partie avec suivi progressif du personnage), comme dans les anciens Resident Evil/Biohazard. Le jeu est surtout fait pour se jouer en tank control avec la croix directionnelle de votre manette, comme à l'ancienne, tant ça se ressent et ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Il est toutefois appréciable que les développeurs aient eu la bonne présence d'esprit de rendre les déplacements de l'héroïne plus libres avec le stick analogique en fonction des angles de vue. Il peut aussi bien se jouer comme ça. On a donc le choix, et c'est un bon point. Même si je recommande chaudement d'y jouer en tank control, histoire de revivre les sensations d'antan. Surtout que dans l'autre mode de déplacement vous pouvez parfois vous désorienter une seconde ou deux à cause du changement brusque de caméra, mais c'est pratiquement inévitable quand on ne connaît pas le jeu.
Le personnage est afûblé d'une certaine rigidité, ce qui est voulu pour accuentuer le sentiment de vulnérabilité, mais ce n'est pas non plus handicapant dans la mesure où le personnage court aussi vite que les ennemis et a toutes ses chances d'éviter les attaques en combat. De plus, une fonction de petit saut arrière servira d'esquive pour se soustraire à une attaque ennemie de corps à corps, pendant que vous visez l'ennemi et appuyez sur la touche adaptée au moment juste. En revanche, il n'est pas possible d'esquiver latéralement ni en avant, ce qui est quelque part dommage sans pour autant être foncièrement gênant.
Les armes se comptent à peine sur les doigts d'une main, en commençant par un pistolet à clous. Ce sont généralement des armes artisanales, dont une à bricoler, qui changent un peu des armes surpuissantes ou plus conventonnelles que l'on voit dans d'autres jeux. Mais j'estime que c'est suffisant pour ce style de survival horror.

En tout cas, ce n'est que le début des inspirations de grandes sagas puisque l'inventaire et surtout l'électrocardiogramme, vous rappeleront inéluctablement les premiers Resident Evil. Électrocardiogramme qui affichera votre niveau de santé allant respectivement de OK (vert), en passant par Attention (Jaune), à Danger (Rouge). On ne peut pas faire plus 'residentevilesque', n'est-ce pas ?
Il est possible d'examiner les objets répartis en trois catégories (Objets-clés, Ressources et Documents) sous tous les angles tout en ayant une description de l'article, mais on regrettera de ne pas pouvoir zoomer pour mieux apprécier l'objet examiné. Les cut-scenes ponctuant l'aventure ne sont pas toujours en temps réel, et les dialogues se passent généralement en appuyant sur le bouton de validation à l'image d'un RPG, comme si vous parliez à un PNJ. Parfois, on peut zapper quelques séquences. De toutes façons, il n'y a que très peu de personnages principaux que l'on verra, mais ça ne veut pas dire que l'histoire est simpliste. Ces séquences apportent à la fois un brin de mystère et quelques apréhensions à la situation. C'est surtout dans les différentes notes et divers journaux épars que vous en apprendrez davantage sur la famille Wildberger et les horreurs qui ont frappé le manoir. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'histoire reste intéressante en apprenant le passé des résidents et des évènements qui ont conduit la protagoniste à s'aventurer dans le manoir. Il y a aussi un certain lore à côté, que j'ai trouvé léger et à peine effleuré, mais ce n'est pas vraiment gênant. On n'aura pas beaucoup de voix à retenir, car celles-ci sont plus ou moins kitsch et donnent une sensation d'amateurisme, comme des voix enregistrées sur micro. Probablement une volonté des développeurs j'imagine, pour coller à l'ambiance d'ancien jeu d'horreur des années 90 et affermir le côté vintage. D'ailleurs, l'histoire se déroule dans les années 90. Ça fait bizarre, le timbre de voix de la protagoniste et des quelques autres acteurs, on peut aimer comme ne peut pas aimer. Dans mon cas, ça fait son taf sans plus. Le plus important pour l'histoire réside dans les entrées de journaux qui sont un petit délice à lire, mine de rien.

Vos pérégrinations vous amèneront bien souvent à résoudre des énigmes. Ces dernières font partie des plus gros points forts du jeu, couplées à l'ambiance déjà terriblement sombre et macabre. Les nouveaux venus dans ce type de jeu risquent de s'arracher les cheveux au vu de la complexité de certains puzzles. Voyez-vous, c'est typiquement le genre d'énigme qui nécessite de quoi noter sur un papier et de tenter différentes combinaisons ou possibilités avant de trouver la solution, car tout et n'importe quoi pourra vous sembler possible. Parfois, certaines subtilités tombent sous le sens, mais font que le joueur bute tant c'est vicieusement amené. En d'autres cas, c'est simple et tout bête pourvu qu'on ait un minimum de jugeotte et d'observation, le tout étant d'être attentif. Mais en principe, les casses-têtes sont peu accessibles et ne ressemblent pas tellement à ceux qu'on résout dans les jeux de nos jours. J'ai facilement buté sur au moins trois d'entre-eux. Ça reste une bonne chose à mes yeux, parce que j'ai beaucoup apprécié les énigmes dans leur concept et dans le challenge qu'elles proposent.

Naturellement, des monstres viendront vous mettre des bâtons dans les roues. Ceux-ci sont d'apparence assez humaine mais dans des tons marrons et noirâtres de souillure et de carbonisation, la peau décharnée ou squelettique, tout en étant fusionnés à des appareils et ustensiles du milieu médical. Il y a fort à parier d'une influence à la Silent Hill. Ces créatures sont également faites à la sauce de leurs créateurs et la recette fonctionne, car il y a quelque chose de dérangeant et de perturbant qui se dégage de ces ingrédients monstrueux. Fruit d'expériences sordides sur l'autel de la science et du sacrifice humain. Le jeu est quelque peu gore voire trash, mais pas non plus à l'extrême. Je parle surtout dans le sens de la direction artistique et dans le contemplatif, plus qu'au niveau des créatures en elles-même. Il n'y en a pas des masses, de ces créatures, mais il y en a tout juste assez pour varier un minimum. En parlant de dérangeant, l'atmosphère lugubre et macabre du titre en met une bonne couche. Il y a du paranormal avec une touche de surnaturel et les deux se marient remarquablement, mais ça ne se voit pas tant sur les monstres, plutôt sur les éléments du décor et l'environnement, qui lui se paie même le luxe de proposer une version altérée de son modèle à l'instar d'un Silent Hill. C'est là d'ailleurs qu'entrent en jeu les miroirs, permettant de voyager dans le passé et d'influer sur les énigmes et le cours de l'histoire pour progresser. Rien de révolutionnaire peut-être, mais ça a toujours son charme. Du déjà vu avec une pincée de nouveauté, en somme.

Forcément, le backtracking est de la partie, le jeu étant conçu à l'ancienne. Bis repetita. Pour plus de confort dans la navigation, on a droit à une belle carte des lieux d'une clarté et d'une lisibilité exemplaires. En fait, chaque section de la demeure possède sa propre carte. Chaques ailes Ouest et Est du RDC ou du premier étage, sans parler du sous-sol. Mais cela fait bien trop de cartes à consulter pour juste vérifier la structure des lieux. Il aurait été plus simple et moins brouillon de condenser tout le RDC et l'étage en deux cartes, une pour chaque, au lieu de quatre ou cinq en comptant les ailes. De plus, la section des lieux où l'on se trouve n'apparait pas toujours directement quand on ouvre le plan, et il faut permuter entre les secteurs pour voir où l'on se trouve. Ça relève du détail mais on aurait pu s'en passer, quand on voit une map fluide et agréable à consulter rappelant celles des premiers Silent Hill.

Pour en revenir à la DA, pour un jeu indé, ça reste une franche réussite. C'est à la fois un level design à l'ancienne prenant vie dans une nature morte, tant le détail est appréciable et proche d'un rendu précalculé. C'est fin, bien fouilli, pas spécialement extraordinaire ni bluffant de réalisme mais il y a certaines zones du manoir qui valent le détour. Là aussi, inspiration à la RE oblige, mélangeant hall du manoir Spencer et hall du commissariat RPD... Un bel hommage, selon moi. Les lieux s'inspirent également de Alone in the Dark, tant sur les lieux principaux que certaines zones sous formes de grottes ou de canalisations où il fait noir comme dans un puits.
S'ajoutent quelques effets d'ombres par endroits qui participent à l'immersion et à l'exploration. Certains endroits sont vraiment très sombres, ou bien vous avancerez souvent dans la pénombre, à tel point qu'on se croierait dans un Silent Hill, avec pour seule source de lumière un briquet quand il fait vraiment noir. Heureusement, il y a quelques chandeliers que vous pourrez allumer via votre briquet afin de vous frayer un chemin dans l'obscurité, mais gare aux monstres qui s'y tapissent ! Cela vous fera sans doute avancer à pas de loup lors d'une première partie découverte, et apportera ainsi son petit lot de tension et de pression. C'est selon moi un des aspects qui font la magie du jeu, et qui permet de se remémorer certains jeux d'horreur d'autrefois en raison de leurs décors bien sombres et de leurs zones peu éclairées. Il faudra également veiller à rester dans la lumière, les ténèbres pouvant présenter une menace certaine. Petit bémol cela dit sur les expressions vides et peu détaillées des personnages, ce qui contraste considérablement avec les décors.

Que serait l'ambiance de Tormented Souls sans sa bande son ? Il perdrait sûrement de sa saveur ! Parce que ses musiques forment une certaine harmonie jonglant entre des sonorités lancinantes et intimes au piano dans certaines séquences et moments intrigants, tantôt elles mettent en exergue le ton macabre voire glaçant en présence hostile. Là encore, on repense aux vieilles sagas classiques et pionniers du genre, mais encore une fois, c'est amené à la propre sauce du jeu et on ne peut que se laisser emporter par le courant. L'OST est donc un sans faute pour moi, même si elle n'a rien de révolutionnaire et qu'il n'y a pas non plus énormément de pistes à écouter. Les bruitages quant à eux restent plutôt basiques, assez audibles par défaut, comme il se doit dans un survival horror. Rien de fou, mais les sons dans le noir font leurs petits effets lorsqu'il s'agit d'ennemis qui rôdent à proximité et qu'on ne détecte pas, alors qu'ils se précipitent vers nous un bref instant avant que leur musique menaçante ne se lancent. Et même lorsqu'il n'y a pas le moindre danger à l'horizon, un simple jumpscare bien placé peut suffire pour vous faire sursauter au moins une première fois, que ça soit ou non du déjà vu. Classique mais efficace.
Et enfin, un dernier détail charmant qui a son importance : le fait de pouvoir sauvegarder sur des vieux magnétophones qui requièrent des bandes enregistrantes. Point de sauvegarde automatique ici, il faudra gérer vos sauvegardes limitées, ce qui rappelle forcément les vieux RE avec leurs machines à écrire et rubans encreurs. Il arrivera des fois que Caroline résume ses péripéties lors d'un enregistrement, quelque chose qui est toujours fort appréciable.

Pour conclure, Tormented Souls aura été une agréable surprise dans le monde du jeu indépendant. Un retour aux sources, avec ses qualités et ses défauts, mais qui saura trouver son public car il fait partie d'un style de survival horror à l'ancienne se faisant rare aujourd'hui. Bien sûr, vous pourrez toujours piocher d'autres survival à l'ancienne dans les jeux indépendants, mais bien souvent on se confrontera à une pâle copie de tel jeu sans âme, juste histoire de rappeler un semblant de nostalgie. Et ce n'est pas ce qui manque. Mais comme Tormented Souls, dans la catégorie indé, je pense qu'il y en a peu qui arrivent à faire voyager à travers la nostalgie tout en se révélant prometteurs avec leur potentiel affirmé. Par conséquent, je recommande vivement cette petite perle à celles et ceux qui souhaitent surfer sur la vague des années 1990 de l'univers du survival horror. Les studios en collaboration Dual Effect et Abstract Digital Works l'ont bien démontré, et cela laisse un espoir de voir du bon se produire si on nous ressort des jeux de ce calibre à l'avenir.


Ma note pour ce jeu est de 8/10.
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À l'occasion de la récente annonce de Tormented Souls 2, la suite du jeu d'horreur dont vous pouvez lire mon test ci-dessus, Tormented Souls 1 a eu un rabais de -60% sur le PlayStation Store.
Au risque de me répéter, pour les gens friands de survival horror classiques des années 90 s'inspirant des ténors du genre tels que Resident Evil, Silent Hill et Alone in the Dark, je ne peux que vous encourager vivement à faire cet excellent jeu indépendant. C'est un petit bijou à posséder et une lettre d'amour aux puristes des classical survival horror. ;)

D'ailleurs, voici un premier trailer de Tormented Souls 2. Pas de date précise en vue pour le moment, mais ce sera déjà courant 2024 sur PS5, Xbox Series X|S et PC.
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Jericho
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Je crois que je vais me laisser tenter. Après tout, ils me reste une place entre Mortal Kombat 1 et Spider Man 2 !
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