Silent Hill: The Short Message, est un nouvel opus de la franchise Silent Hill qui s'assume principalement comme une expérience, bien au-delà d'un énième jeu classique estampillé Silent Hill. Mais la première chose à souligner, c'est que le jeu est gratuit dès son lancement sur le PS Store pour la PS5, depuis le 1er février 2024. Et ça, c'est un très bon point. Alors pourquoi le jeu est-il une expérience ? Eh bien pour la simple et bonne raison qu'il casse un peu les codes de la série en optant pour une vue à la première personne, assumant sa position de simulateur de marche narratif. De prime abord, on pourrait penser à un clone de P.T ou à quelque chose de similaire, mais pas tout à fait. En effet, il convient de préciser que le titre aborde des thèmes durs, parfois tabous dans le domaine vidéoludique, tels que le suicide, le harcèlement ou l'automutilation pour ne citer qu'eux. Autant dire que ce n'est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Mais ce qu'il aborde, aussi délicat que ce soit à mettre en exergue, il le fait haut la main et c'est ce qui fait tout le charme de l'expérience malgré le fait que la dépression et le dénigrement de soi soient souvent reflétés au fil du récit pour lui donner du sens.
Comme tout Silent Hill qui se respecte, et en particulier comme pour les premiers volets, le titre comporte son lot de symboliques par rapport à l'histoire, que ce soit à travers les graffitis qui ont leur importance ou autres éléments du décor.
L'aventure est divisée en 3 chapitres, et il faudra compter en moyenne 2 à 3 heures en découverte pour la finir (soit à peu près une heure par chapitre, si vous prenez le temps de lire les documents, plutôt nombreux mais intéressants). Ce qui est plutôt pas mal pour un jeu gratuit. Le smartphone vous servira à échanger des textos avec d'autres personnages participant à la narration, mais il fait également office de radio en émettant des parasites visuels et sonores à l'approche d'un monstre, et de lampe-torche dans une moindre mesure. Le jeu n'est pas très sombre en général au niveau de l'éclairage, sauf durant un certain segment vers la fin. Le moteur est propre sans pour autant être ultra fluide. Les cinématiques optent pour un format film, probablement pour appuyer le côté expérimental et réaliste des thématiques soulevées. Et graphiquement, sans être exceptionnel, ça tient la route. Certains choix et partis pris ne seront peut-être pas au goût de tout le monde. Comme par exemple le fait qu'on ne puisse pas courir ou ne serait-ce qu'accélérer la marche durant les phases d'exploration, et qu'on ne puisse courir que pendant les phases de poursuites avec un monstre que vous croiserez à certains moments dans des zones labyrinthiques. Ou par exemple le fait de ne pas pouvoir envoyer de texto avec votre smartphone quand vous le souhaitez, mais de manière scriptée après avoir découvert un indice ou franchi une étape importante. Pour ma part, je trouve que ces éléments s'incrustent bien. En somme, on reste sur du walking simulator.
Bonne nouvelle pour le sound design, c'est Akira Yamaoka qui s'est occupé des musiques. Puisant un minimum d'nspiration sur les anciens Silent Hill que l'on retrouve dans les bribes de certaines pistes, mais sous une perspective plus moderne. Toujours est-il que son style musical est reconnaissable entre mille et que ça passe très bien. J'ai trouvé dommage que les décors, bien que réussis pour ce qu'ils proposent, soient si peu variés et se recyclent parfois. Il n'y a d'ailleurs aucun endroit à visiter à l'extérieur, puisque tout est en intérieur et sent le renfermé. D'un côté, ça amplifie l'ambiance claustrophobe et anxiogène (surtout durant les poursuites avec la créature traqueuse qui apportent leur lot de stress), mais d'un d'autre... on se sent un peu limité dans nos mouvements et une certaine monotonie s'installe. Il faut dire que l'histoire se développe sur les sentiments et le vécu de l'héroïne qui broie du noir, mais qui fait qu'on finit par s'attacher à elle et on a même mal pour elle, tant ça en devient viscéral. D'où l'avertissement du jeu qui aborde des thèmes durs en guise de disclaimer à l'écran titre, et à certaines occasions d'ailleurs. Notre personnage vit les affres de l'adolescence, à une période charnière de sa vie, mais ses copines sont là pour converser avec elle au téléphone dans les moments difficiles. En cela, tout n'est pas totalement noir et il y a toujours une once de lumière jaillissant des ténèbres à laquelle se raccrocher. Mais il est vrai que le jeu n'est pas très joyeux dans l'ensemble et ça, c'est important de le prendre en compte pour quiconque y joue. Il faudra percer dans le scénario parfois un peu nébuleux au début en avançant, afin d'en saisir toutes les subtilités et avoir le fin le mot de l'histoire. Enfin, il est à noter que le jeu n'a pas de trophées.
En conclusion, j'ai vécu cette expérience comme un petit amuse-gueule avant l'arrivée du messie, si je puis dire, du tant attendu Silent Hill 2 Remake. Si vous êtes friand d'expériences narratives abordant des thèmes difficiles et réalistes sur l'adolescence et la fleur de l'âge, sur fond d'horreur psychologique, alors lancez-vous. Il y a certes quelques choix qui ne feront peut-être pas l'unanimité, car il est vrai qu'on n'a pas un vrai gros Silent Hill. Il n'est ni ambitieux dans son concept et encore moins novateur, ni généreux dans son contenu car une fois terminé, on n'y revient pas de sitôt mais il fait ce qu'on lui demande, à savoir une expérience narrative inédite et viscérale. Tout simplement. De quoi faire patienter pour le remake de SH2. Surtout que ce Short Message est disponible gratuitement, difficile donc de bouder son plaisir.
