La critique de Hunk
Difficile d’écrire une critique de façon objective quand on est fan de la série et qu’on attend depuis plusieurs années une telle production en images de synthèse. Pourtant, pour tous les fans de la saga (et du portail ^^), je vais volontiers me prêter à cet exercice délicat.
Il m’est apparu évident, après avoir vu ce film, que l’approche pouvait se faire de deux manières différentes, celle du fan aveuglé et celle du cinéphile lambda.
Comme je n’aime pas trop voir les choses de façon conventionnelle, j’ai concentré toute mon attention durant la projection pour vous proposer une critique des plus équilibrées, en évitant tout spoiler majeur et en tenant compte de mon expérience de fan mais aussi de ma curiosité de cinéphile occasionnel pour ce genre de production.
Mais commençons déjà par planter le scénario : Claire Redfield et Leon S. Kennedy vont se retrouver confrontés dans cet épisode à tout ce qui a fait les grandes heures des scenarii Resident Evil : de la machination, de la traîtrise, des gentils et des vilains. Un scénario des plus superficiels pour n’embrouiller personne.
Toute la première partie se déroule dans l’aéroport. Après la catastrophe que vous connaissez tous à présent (voir les 12 premières minutes du film sur IGN), Claire Redfield et Leon devront joindre leurs forces pour escorter les rares survivants toujours présents sur les lieux, dont la petite Rani et le sénateur Ron Davis. Ils seront aidés en cela par les forces spéciales du SRT. Dans cette première partie du film, l’ambiance apocalyptique est bien rendue et les plans sont souvent calqués sur ce qui se faisait de mieux dans les premières aventures "biohazardiennes", c’est plutôt réussi !
Ensuite, les choses se gâtent… Dès l’entrée dans le dôme de Wilpharma, on ne comprend pas trop où les scénaristes veulent nous emmener. On ingurgite les images CGI sans broncher. On regarde Super Leon intervenir face au monstre G pour sortir les uns et les autres de situations des plus périlleuses. Leon se prendra de méchants coups mais se relèvera toujours presque comme si de rien n’était ^^
C’est là qu’on se dit que c’est beau de faire partie de l’univers des toons, car un toon ça rebondit mais ça ne meurt jamais ^^ Enfin, pas le gentil Toon en tout cas ! :p
Sur la réalisation elle-même, certains crieront peut-être au scandale sur le choix de la palette graphique que l’on propose au spectateur, au vu de ce qui peut se faire aujourd’hui. Ceci dit, je la trouve parfaitement adaptée à ce qu’a voulu faire Kobayashi et c’est un des aspects qui m’a le moins dérangé à vrai dire dans ce film.
Sur l’ambiance générale du film, je regrette une absence trop cruelle dans la variété du bestiaire vu à l’écran, c’est le reproche le plus impardonnable que l’on peut faire à Kobayashi pourtant expert en la matière. A titre d’exemple, il y a un jardin des plantes mais j’attends toujours l’apparition d’une monstro-plante bio-organique à l’écran !
Toujours sur l’ambiance générale, il y a plus de pression et de tragédie dans les cinématiques de Resident Evil Outbreak que dans Degeneration… No comment…
Kobayashi s’est trop engouffré selon moi sur les histoires d’amour dont raffolent les japonais et sur des pointes d’humour placées ici et là. Cet humour aurait fait tout son effet si l’ambiance générale avait été une véritable ambiance de peur, pour relâcher de temps à autre le spectateur. Ce qui n’est jamais le cas dans Degeneration… Bref Kobayashi connaît bien le cocktail détonnant de ce qui fait un bon Resident Evil, mais n’a pas voulu ou n’a pas pu s’en servir. Peut-être à cause des exigences de la production pour proposer un film grand public. On ne peut que le regretter… Le gore est d’ailleurs expurgé de son attrait le plus violent, vous voilà prévenus (rien de comparable au gore utilisé dans Dead Space Downfall par exemple !).
Sur le rôle des personnages, Claire ne sert pas à grand chose finalement, hormis son action dans l’aéroport. Le sénateur Davis endosse lui, le rôle du méchant comme un certain Brian Irons dans Resident Evil 2. La comparaison s’arrête là. Pour Leon, il a définitivement abandonné son rôle de simple flic immature depuis Resident Evil 4, et il est logique de le retrouver en super-héros intouchable dans Degeneration, le ridicule ne tue pas et au moins c’est cohérent.
Pour terminer, je rajouterai que de nombreux clins d’œil sont faits aux anciens épisodes dans Degeneration. Ces petits clichés raviront les fans mais ne pourront pas être décodés par les autres spectateurs. Ce qui risque d’ailleurs de perturber fortement ceux qui ne connaissent Resident Evil qu’au travers les films "live" réalisés eux aussi par Sony Pictures.
Resident Evil Degeneration est clairement un film destiné aux fans de la saga des jeux vidéo.
Un premier essai mitigé, avec quelques qualités mais aussi de nombreux défauts.
J’en attendais certainement trop, il m’aura finalement laissé sur ma faim.
Il m’a tout de même donné l’envie d’embrayer sur Resident Evil 5 afin de percer les dessous de Tricell…