
La critique d'Ada 1/2
Après avoir espéré pendant des années qu'un film en images de synthèse sur le thème des Resident Evil voit le jour, c'est un souhait devenu réalité pour les fans de la série, avec la sortie imminente de ce Resident Evil Degeneration.
Voici maintenant de quoi il en retourne vraiment, de mon point de vue.
Scénario
Le film, d'une durée de 96 minutes, réunit Leon S. Kennedy et Claire Redfield dans un aéroport américain, sept ans après Raccoon City, sur un fond d'attaque terroriste à coups d'armes biologiques. WilPharma, une société pharmaceutique américaine avec des airs d'Umbrella, mène des expériences en Inde transformant les sujets en zombies. Les pratiques de cette société soulèvent l'indignation des américains au vu de la multiplication des victimes, et Terra-Save, l'organisation non-gouvernementale pour laquelle Claire travaille, tente de s'opposer fermement aux agissements de la société.

L'intrigue choisie expose clairement la volonté de Capcom de ne pas cibler uniquement un public d'adeptes de la série des jeux Resident Evil : en mettant en scène WilPharma, cette nouvelle société pharmaceutique, et en résumant son histoire de façon condensée en guise d'introduction, le film permet de situer les événements dans un contexte immédiat pour un spectateur qui ne serait pas familier avec l'univers de la série.
Cette volonté de cibler un plus large public n'exclue toutefois pas les fans de longue date : le film nous gratifie de l'apparition d'un personnage de Resident Evil 4 et de références à répétition à l'incident de Raccoon City, mais aussi à Umbrella. En bonus, pour finir sur une note intéressante et consolider son unité avec l'univers des jeux, Degeneration offre une ouverture flagrante vers les événements de Resident Evil 5, ce qui est tout à l'honneur des scénaristes.
Malgré tout, ce choix d'orientation ne suffira ni à faire de Degeneration un bon film pour le grand public, ni à faire vraiment retrouver l'univers si particulier des jeux à ses adeptes.
Après une introduction courte mais efficace qui permet de planter rapidement le décor et d'identifier les entités principales du film, c'est une déferlante d'action qui se déroule sous nos yeux, assaisonnée de leitmotivs gnan-gnan, d'une lourde dose de clichés et de bons sentiments gluants.
Vous l'aurez compris, Resident Evil Degeneration ne fait pas dans la finesse, et bon nombre de scènes prêtent facilement à sourire… Et ces coïncidences un peu trop faciles, qui se répètent à la fois dans le scénario ou dans la mise en scène, nuisent grandement à la crédibilité de l'ensemble.

Le scénario, qui aurait à la limite pu être suffisant pour un jeu (et encore…), est bien loin d'être assez consistant pour un long métrage. Tout semble aussi téléphoné que dans un mauvais feuilleton télé, et les faux retournements de situation qui donnent l'illusion d'une intrigue ne parviennent pas à créer de véritable surprise lors du dénouement final. On peine à ressentir les émotions de ces personnages, dans l'ensemble caricaturaux et sans profondeur, et les motivations tirées par les cheveux de certains ne fait qu'alourdir l'histoire, qui s'embourbe déjà dans ses rebondissements artificiels.
Le manque de finesse remarqué tout au long du film se traduit également par certains des clins d'œil aux jeux ciblant le public des fans. Voilà Claire flanquée à nouveau d'une petite fille à protéger, et ses retrouvailles avec Leon reproduisent à l'identique la première scène de leur rencontre en 1998, lorsque Leon la sauve de l'attaque d'un zombie en lui tirant dans la tête… Ils auraient pu faire un peu plus subtil.
Personnages

Claire Redfield, vue pour la dernière fois dans Resident Evil Code : Veronica, reste fidèle à son personnage de 1998 : toujours aussi altruiste, téméraire et dévouée, elle n'hésite pas à affronter courageusement une foule de dangers et de difficultés pour continuer son combat contre les vestiges d'Umbrella et venir au secours de la veuve et de l'orphelin. Son importance dans le film reste toutefois en deçà de ce que les bandes-annonces et la présentation générale du film laissaient imaginer. Le vrai héros de ce film et celui qui tient vraiment la tête d'affiche, c'est Leon.

Dans la continuité de Resident Evil 4, Leon S. Kennedy est confirmé dans son rôle de tombeur super-héros. Entre ses pirouettes improbables et son taux de survie de 2.000 %, il se rapproche beaucoup plus du Terminator que celui qu'on a aimé (ou pas ?) dans Resident Evil 2.
Autoritaire, précis et agile comme un petit singe, Leon sait tout sur tout et arrive toujours in extremis pour sauver la situation - le tout en ressortant bien sûr sans une égratignure.

Les retrouvailles entre les deux survivants de Raccoon City sont plutôt insipides, et leur collaboration directe de très courte durée. On a le sentiment qu'ils ont été mis là parce que ce sont des personnages populaires dont les apparitions dans la série ont été récurrentes et que cela pourrait motiver les adeptes de Resident Evil à regarder ce film, mais il n'y a pas vraiment d'alchimie entre les deux protagonistes principaux – le peu qu'il y ait, ayant été largement montré dans les trailers du film, c'est pour dire.

En ce qui concerne les personnages secondaires, ils ne laisseront pas un souvenir impérissable. Assez caricaturaux dans l'ensemble, ils collent à leur stéréotype du début à la fin du film, sans surprise.
Mention spéciale tout de même pour le sénateur, personnage odieux très bien dans son rôle.
Ambiance
N'espérez pas ne serait-ce que sursauter pendant le visionnage de ce film. Hormis à de rares moments, les zombies ne débordent pas d'agressivité. A aucun moment du film on ne s'inquiète pour le sort des personnages, la tension est quasiment absente.
Les monstres ne suscitent pas de réaction particulière, ils n'inspirent ni le dégoût, ni l'horreur.
Pas assez noir, trop propre et pas oppressant, Degeneration fait l'impasse sur l'horreur, le sale et le glauque. C'est lisse, c'est "politiquement correct", orienté action et grand public. Les amateurs de films d'horreur resteront indubitablement sur leur faim.