Autant être franc d’entrée de jeu, personne dans la fan base n’attendait quoique ce soit de cette nouvelle adaptation libre de
Resident Evil pour la télévision. Et comme c’est
Constantin Television, une branche de
Constantin Films (vous savez ceux qui ont donné naissance aux films de Paul Anderson), qui s’occupe de financer le projet, et bien autant dire que la hype était proche de zéro. Même la campagne promotionnelle s’est contentée du minimum syndical un mois avant la sortie de la série sur
Netflix.
Ne lisez pas la suite si vous n’avez pas encore terminé cette première saison de 8 épisodes, de nombreux spoilers vous attendent dans les lignes suivantes… Vous voilà prévenus.
C’est quand qu’on va où ?
L’action se déroule essentiellement à
New Raccoon City (ville fictive d’Afrique du Sud), entre 2022 et 2036. C’est une ancienne ville usine qui a été rachetée par
Umbrella pour en faire une Beverly Hills du futur avec ces villas luxueuses. Les évènements liés aux personnages principaux, les deux filles (Jade et Billie) d’un nouvel Albert Wesker, alternent entre passé et présent. La distribution pas folichonne, mis à part
Lance Reddick dans le rôle de Wesker et de ses clones, vous emmène de Londres à Calais ! Étonnant non ?
Sortez votre nouveau parapluie !
La nouvelle compagnie
Umbrella est dirigée par
Evelyn Marcus, descendante de la lignée des Marcus, un des fondateurs de la firme. Et comme la corporation précédente, elle est confrontée à des incidents dans le monde suite à des recherches pharmaceutiques qui tournent mal comme à l’usine Umbrella de Tijuana au Mexique dont elle cherche à étouffer l’affaire.
Cache ta joie
La nouvelle Umbrella veut rapidement mettre un nouveau médicament sur le marché nommé "Joy" pour "Joie", un antidépresseur miracle qui réduit l’anxiété et facilite la concentration, y compris chez les enfants. Cependant cette innovation médicamenteuse initiée sur un dérivé du virus T est encore très instable et procure de nombreux effets secondaires, surtout en cas de surdosage démesuré où le virus T est alors propagé dans l’organisme, procurant une violence inouïe de l’hôte qui se transforme alors en monstre.
Ça passe où ça CAST
Albert Wesker n’est pas censé être en vie, puisque ce dernier est mort en 2009 dans un volcan dans
Resident Evil 5. Il protège d’Umbrella ses deux filles, Jade et Billie, mais il a toutefois besoin de leur sang comme traitement pour survivre à son état qui se dégrade au fil du temps. En s’injectant une dose de leur sang, il retarde ainsi chaque fois l’échéance de sa déchéance. Ce retard au basculement n’est pas sans rappeler le fameux "Zombrex" dans une autre saga de
Capcom :
Dead Rising. Ce nouvel Albert Wesker a son petit côté sombre, comme lorsqu’il menace de renvoyer et de blacklister un administrateur système d’Umbrella parce que sa fille a manqué de respect à Billie au lycée de New Raccoon City. Cependant c’est l’une des trop rares fois où le côté vilain propre à Wesker surgit, et encore cela reste gentillet comme menace.
L’autre référence à la cruauté de Wesker survient lorsqu’Evelyn lui demande de reprendre du service pour torturer le journaliste qui fourre son nez depuis des années dans les affaires d'Umbrella.
Wesker se compromet auprès d’Umbrella au fur et à mesure de ses actions entreprises pour protéger ses filles. Il a deux clones Bert(y) et Alby …
Alby meurt très rapidement après avoir été présenté à l’audience. Purement anecdotique et complètement inutile d’avoir introduit un clone pour si peu de présence à l’écran. Pour Bert(y), son instabilité psychique le rapproche finalement plus d’un véritable vilain. Sauf que cette personnalité est contre balancée par l’aide qu’il apporte aux deux filles de Wesker jusqu’après la mort du nouvel Albert Wesker, appelé affectueusement AL par Evelyn. Ce que n’aurait jamais accepté le vrai Albert Wesker, son rapport aux femmes était comme qui dirait "pas si Excella que ça".
Bref, ces 3 "Wesker" là sont des clones créés par leur créateur original pour l’aider dans ses recherches en tant qu’équipiers R&D à l’époque de Raccoon City. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas très réussis en tant que personnages, Ils ne dégagent aucun charisme et si peu de cruauté.
Jade est une survivante de la première vague du virus à New Raccoon City. Elle a une fille nommée Bea. Elle étudie les zéros (les zombies ici, pas les avions japonais de la seconde guerre mondiale
) et est convaincue que le virus va s’affaiblir, rendant un jour ou l’autre leur humanité aux zéros. En attendant, l’espèce humaine les ayant créés, il va falloir vivre en leur mauvaise compagnie, en attendant des jours meilleurs, lorsque qu’un antidote sera mis au point. Elle finira toutefois par croiser le chemin d’une reine zéro qui va aiguiller son destin. Jade est toutefois trop entreprenante et n’écoute qu’elle-même, ce qui la rend trop vulnérable, sans parler de tous ceux qui lui font confiance…
Billie est vegan et défend la cause animale. Aussi lorsqu’elle découvre qu’Umbrella expérimente sur des lapins, elle ne peut faire autrement que de décider d’infiltrer le laboratoire en compagnie de sa sœur Jade afin de libérer les nombreux animaux en captivité. Malheureusement, en approchant la cage de l’essai clinique 998, Billie libère un chien enragé qui la mord et lui transmet le virus T. Le complexe renfermant des recherches classifiées gouvernementales, les ennuis commencent…
Elle n’aura cesse de vouloir construire un plus bel avenir en construisant un monde meilleur…
Toutes les deux n’ont pas d’acte de naissance, ni de numéro de sécurité sociale, aucune trace de Jade et Billie n’existe officiellement. Elles sont jumelles et sont issues d’une mère porteuse et de donneuses d’ovules. Wesker a modifié génétiquement leur embryon. Elles ne sont pas seulement que ses filles, elles sont aussi ses expériences scientifiques au travers d’Umbrella. Elles vont perdre confiance en Wesker, véritable psychopathe et leur relation entre sœurettes va se dégrader au fil du temps. Elles vont se perdre de vue puis se retrouver, mais les choses auront bien changé.
Simon : C’est le fils d’Evelyne Marcus et de Diana, sa compagne. Petit génie de l’informatique, il aide Jade et Billie à plusieurs reprises dans son rôle de
hacker. Un peu trop facile toutefois pour être crédible. Malgré sa bonne volonté, son sort est lié à l’appartenance de sa famille, à Umbrella…
Diana : c’est la femme d’Evelyne. Autant être clair elle ne sert à rien, si ce n’est (on le suppose) de jouet sexuel à Evelyn.
Qui peut le plus, peut le moins
Voici la liste des points forts et des points faibles de cet essai épisodique librement adapté de la saga
Resident Evil.
LES PLUS (+)
1. Les zombies, appelés les zéros, sont en fait des infectés qui ne sont pas morts. Le virus T redessine juste les connexions cérébrales. Attirés par le sang, grâce à l’odorat qui reste à terme leur seul sens développé, ils n’ont aucune fonction cérébrale avancée, ni aucune structure hiérarchique, jusqu’à ce que l’on découvre ensuite qu’ils peuvent être contrôlés par une reine trouvée dans une forêt, qui dégage une phéromone en hurlant telles les beuglardes dans
Days Gone. J’ai apprécié l’utilisation de ces Zér0, sachant qu’il n’est jamais évident de renouveler ce genre à l’écran.
2. Un vert géant, réveillé par le système de sécurité de défense contre les zéros, émerge de dessous le bitume dans l’épisode 1. C’est imposant et baveux, bonne surprise que d’avoir sélectionné cet A.B.O. que n’avait pourtant pas retenu Capcom pour le remake de
Resident Evil 3.
3. Le Cerbère de l’épisode 2 montre qu’Umbrella n’a rien retenu des leçons du passé.
4. Le Licker apparaît dans l’épisode 3, dans le tunnel reliant Douvres à Calais. Il est fidèlement reproduit. Le Licker n’est pas la seule référence aux jeux car si vous prêtez attention à une des armes utilisées vous remarquerez un fusil à triple canons sciés : l’
Hydra qui était disponible dans
Resident Evil 5 et
Resident Evil 6. De plus cet épisode introduit une araignée géante, encore un autre clin d’œil à l'univers des jeux vidéo.
5. L’apparition du type à la tronçonneuse est une référence au Chainsaw Ganado de
Resident Evil 4.
6. Des références sont faites à l’incident de Raccoon en 1998, à William Birkin, on y voit même l’explosion de la ville au travers d'un missile déclaré "nucléaire" dans la série, alors que le missile envoyé sur Raccoon City était comparable à une explosion de type nucléaire sans en être un. Et le virus T a survécu à cette explosion. Lisa Trevor est aussi évoquée à travers une vidéo. Elle est mieux réussie artistiquement que celle du film
Bienvenue à Raccoon City et son histoire plus fidèle au jeu
Resident Evil, même si ça reste furtif.
7. L’horreur à l’écran est bien présente, mention spéciale à l’hémoglobine qui gicle lors des phases de tronçonneuse. Les maquillages sur les zéros (pustules et autres) ainsi que les effets spéciaux sont plutôt bien réalisés et convaincants.
8. La référence à la résolution d’énigmes est plaisante et bien amenée, jusqu’à examiner l’objet pour y découvrir un autre indice, on sent de ce côté-là une certaine maîtrise du sujet
Resident Evil.
9. Autres références qui parleront aux fans : le sifflet pour chien, le chargeur de pistolet, la sonate au clair de lune...
LES MOINS (-)
1. Le choix de mettre l’action entre une ville fictive (New Raccoon City) et des villes réelles, Brighton, Douvres en Angleterre et Calais en France est pour le moins troublant... Surtout pour la référence de passage de clandestins.
2. Il y a un Barry dans un épisode mais qui n’a rien à voir avec ce bon Barry Burton connu dans les jeux. C’est presque une insulte ce clin d’œil.
3. L’illuminé gourou de la confrérie à Calais est une référence aux sectes croisées dans
Resident Evil 4 et
Resident Evil 5, avec toutefois une nuance sur la punition envoyée sur terre, qu’il assimile à une punition divine.
4. L’environnement moderne et aseptisé des villas qui constituent New Raccoon City ainsi que la modernité du complexe Umbrella ne m’ont pas plu, mais cela ne vous étonnera pas puisque vous savez que je n’ai guère été emballé par le NEST du remake de
Resident Evil 2.
5. L’alligator apparait en fin de saison. Si sa présence était déjà discutable dans
Resident Evil 2 en 1998 (preuve en est qu’il a failli passer à la trappe dans le remake
RE:2), il m’a laissé de marbre dans la série
Netflix. Sa présence à l’écran est toutefois techniquement impressionnante, mais il aurait mieux valu exploiter une autre A.B.O. comme le requin
Neptune ou le monstre du lac
Del Lago de
Resident Evil 4. Seul bémol, ces monstres ne sont pas terrestres alors que l’alligator géant lui n’est nullement un monstre marin. Cherchez l'erreur ! Il aurait peut-être mieux valu exploiter la capture d’un
El Gigante (
Resident Evil 4) dans le fond de cale du cargo et le libérer le moment venu façon
Kong.
6. Quant au
Tyrant du dernier épisode, Il reste relativement fidèle au design de l’histoire originale dans son unité de conservation, même si beaucoup moins impressionnant à ce stade, mais n’est pas exploité dans cette première saison.
Conclusion
Première série épisodique (live) sur l’univers de
Resident Evil, ce nouvel essai d’une libre adaptation de la série à l’écran est plutôt respectueux si l’on regarde uniquement la surface des choses. Cela se corse lorsque l’on gratte un peu, on reste très éloigné du lore et du canon malgré une volonté sincère dans l’écriture d’
Andrew Dabb d’avoir tenté quelque chose d’intéressant à ces sujets. C’est donc raté sur le fond, les fans auront du mal à intégrer quoique ce soit de cette série à la ligne de temps des évènements de
Resident Evil. La réalisation de
Bronwen Hugues n’est certes pas mauvaise mais les personnages sont ratés (mais bien joués), et on ne nous explique aucunement comment on passe de Billie "ado" à Billie "adulte" pour les fameuses retrouvailles entre les deux sœurs. Des longueurs dans certains épisodes, pour expliquer les tenants et aboutissants de certains rattachements à l’histoire, n’aident pas à servir l’univers horrifique d’un
Resident Evil. Cependant, cette série pourra attiser la curiosité d’un certain nombre d’entre vous et même vous laisser cette étrange tentation de vouloir découvrir la suite dans une saison 2. Pour ma part, au jeu du "stop" ou "encore", je dis "stop".
VERDICT : 5/10